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Mémoire

80 ans de la libération d’Auschwitz : la collecte des archives familiales, un enjeu de mémoire crucial et délicat

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Auschwitz, 80 ans aprèsdossier
Léguer des objets et documents qui constituent parfois le seul lien avec un parent disparu dans la Shoah peut représenter un déchirement. Roger Fajnzylberg, dont le père a survécu à Auschwitz, a confié ses carnets de témoignages au Mémorial de la Shoah.
Arrivée de Juifs de Hongrie au camp d’Auschwitz-Birkenau, au printemps 1944. Photographie issue de «l'Album d'Auschwitz», trouvé par une déportée, Lilly Jacob (Zelmanovic), le jour de sa libération au camp de Dora-Mittelbau. (Mémorial de la Shoah)
publié le 27 janvier 2025 à 7h15

Comment fera-t-on quand il n’y aura plus de témoins ? Parce que le temps passe, et que les derniers rescapés disparaissent, la question devient lancinante en ce début d’année, quatre-vingts ans après la découverte des camps d’extermination et de concentration nazis. Pour continuer à écrire l’histoire, il faut des témoignages, des traces, des archives. «C’est notre mission de les collecter», rappelle Karen Taïeb, la responsable des archives du Mémorial de la Shoah, musée et centre de documentation. A presque 78 ans, Roger Fajnzylberg a, lui, franchi le pas la semaine dernière, léguant les documents laissés par son père, Alter, mort en 1987, qui appartenait à la centaine de survivants des «Sonderkommandos» d’Auschwitz.

Employés à «traiter» les corps dans les chambres à gaz et les fours crématoires, témoins directs de l’extermination industrialisée des Juifs d’Europe, ils étaient éliminés régulièrement par les SS. «Mon père était un militant politique. Je pense que c’est là qu’il a puisé la force de survivre, par la nécessité de témoigner des atrocités qu’il a vécues et qu’il a vues», analyse Roger Fajnzylberg. Après la guerre, Alter, déporté par le premier train parti de France à destination d’Auschwitz le 27 mars 1942, a noirci cinq cahiers, déposés au Mémorial de la Shoah, tout comme sa carte de rapatrié ou encore le procès-verbal de son audition, le 20 octobre 1945, par le Service de recherches de crimes de guerre ennemis.

Témoignages légués dans une boîte à chaussures

«Dans une famille, le processus est