Utah Beach, sur la commune de Sainte-Marie-du-Mont dans la Manche. Des touristes américains débarqués d’un bateau de croisière sont disséminés sur le sable blanc. Leur objectif : visiter l’histoire. Les guides s’activent pour donner vie à cet horizon que se partagent char à voile et tracteurs de mareyeurs. L’un d’entre eux pique le sable avec son parapluie, pour illustrer la profondeur des barbelés, un jeune montre des photos d’antan, des fils de l’Oncle Sam tombés là en juin 1944. Sur la dune, la photo d’un vétéran, plastifiée, flotte dans les herbes hautes.
Pendant longtemps, le musée du débarquement de Utah Beach, ouvert en 1962 grâce à la volonté du maire de la commune Michel de Vallavieille, a été le seul avec celui d’Arromanches, inauguré en 1945, à proposer cette plongée dans le passé. Les Normands préfèrent oublier plutôt que se souvenir du déferlement de feu venu du large. Cartouches de cigarettes, casques, uniformes et armes, bouteilles de coca, montres... Le musée exhibe, dans les couloirs du blockhaus allemand sur lequel il est construit, ces objets sortis des armoires.
Reportage
«Mon grand-père utilisait un casque d’infanterie pour nourrir les chevaux», se souvient Benoît Noël, conservateur du musée. Au fil des anniversaires, 1964, 1984, 1994, 2004, le lieu s’est s’agrandi et a ajouté des innovations sous la pression des autres musées ouvrant sur le littoral : maquette dynamique, film, exposition d’un bombardier américain, reproduction d’une tranchée… A