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Les nouvelles terres du RN

A Ancerville, «des gens se posent encore la question à Paris pourquoi on a voté RN?»

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Dans la commune du sud rural de la Meuse où l’usine de tubes en inox risque de fermer, laissant sur le carreau 90 employés, la liste Rassemblement national a recueilli près de 60 % des voix. Un vote de colère, mais aussi dans l’espoir d’un changement radical.
A Ancerville, dans la Meuse, en 2017. (Alexandre Marchi/PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPP)
publié le 13 juin 2024 à 18h45

Les élections européennes ont révélé une carte de France submergée de brun : de la Bretagne à Aix-en-Provence en passant par Châteauroux, le Rassemblement national a progressé dans nombre de nouveaux territoires. Vote anti-Macron, sentiment d’insécurité, envie de «tester autre chose»… A travers une série de reportages, Libération explore les raisons d’une telle poussée de l’extrême droite.

Plus aucun bruit ne surgit des allées de bitume de la Meusienne. Depuis le mois de mai, le site industriel d’Ancerville, dans le sud du département de la Meuse, est à l’arrêt. Plus de stock, plus de matière première, et la menace écrasante d’une liquidation judiciaire dès les premiers jours de l’été. Certes, le tribunal de commerce de Bar-le-Duc a octroyé vendredi une dernière chance à l’entreprise, qui produit des tubes en inox, en lui laissant trois semaines pour étudier la création d’une scop, une société coopérative de production.

Mais comment imaginer que la probable disparition de 90 emplois dans cette zone rurale du Grand-Est se fasse sans aucun fracas ? Dans les urnes de la commune de 2 600 habitants, le Rassemblement national est arrivé en tête du scrutin européen dimanche 9 juin. Ce n’est pas une surprise : c’était déjà le cas pour l’élection présidentielle de 2022, comme pour les européennes de 2019. Mais en deux ans, le score du parti d