«C’est comme si on déménageait sans déménager.» Voilà plus de vingt ans que Marie, comme ses parents, habite la rue Maxime-Gorki, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Sur le pas de sa porte, la riveraine est fatiguée d’expliquer aux journalistes pourquoi elle refuse son changement d’adresse. Quelques arbres bordent la rue pavillonnaire, dont on aperçoit le bout dès l’entrée tant le demi-kilomètre qu’elle mesure est droit. Côté impair, il reste un panneau bleu Maxime Gorki, écrivain communiste russe mort en 1936. Dès 1937, le maire communiste d’Aulnay, Maurice Nilès, baptisa la rue en hommage au révolutionnaire bolchevique.
Mais, depuis lundi, la rue a été renommée rue Jacques-Chirac, du nom de l’ancien président de droite. «Elle pourrait s’appeler Pierre, Paul ou Jacques, ça m’est égal», s’agite Marie qui accorde peu d’importance à la couleur politique. C’est Bruno Beschizza, le maire d’Aulnay-sous-Bois, membre du parti Les Républicains, qui a décidé de procéder à ce changement d’appellation sans consultation. Il souhaite ainsi «rendre hommage à [son] regretté président», comme il l’écrit dans un courrier envoyé aux riverains le 18 février.
Sans inauguration
«Moi, j’aime tout le monde. Mais entre ce changement et le virus, j’en suis malade !» se lamente Liliana, 86 ans, appuyée sur sa canne. D’or