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Reportage

A Aulnay-sous-Bois, la nouvelle rue Jacques-Chirac ne passe pas

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Pétition, recours en justice : riverains et opposition municipale s’insurgent contre la décision de la mairie de rebaptiser la rue Maxime-Gorki en l’honneur de l’ancien président.
Aulnay-sous-Bois, le 4 mars 2021. A droite : Françoise, née en 1943, habite dans la rue depuis qu’elle est enfant. Ses grands parents ont construit la maison en 1923 quand la rue s’appelait rue de Marseille. Que la rue ait un nom de droite ou de gauche ne l'importe peu, ce qui la gêne ce sont les nombreux changements administratifs qui en découlent. (Louisa Ben/Libération)
par Jeanne Fourneau et photos Louisa Ben
publié le 6 mars 2021 à 6h40

«C’est comme si on déménageait sans déménager.» Voilà plus de vingt ans que Marie, comme ses parents, habite la rue Maxime-Gorki, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Sur le pas de sa porte, la riveraine est fatiguée d’expliquer aux journalistes pourquoi elle refuse son changement d’adresse. Quelques arbres bordent la rue pavillonnaire, dont on aperçoit le bout dès l’entrée tant le demi-kilomètre qu’elle mesure est droit. Côté impair, il reste un panneau bleu Maxime Gorki, écrivain communiste russe mort en 1936. Dès 1937, le maire communiste d’Aulnay, Maurice Nilès, baptisa la rue en hommage au révolutionnaire bolchevique.

Mais, depuis lundi, la rue a été renommée rue Jacques-Chirac, du nom de l’ancien président de droite. «Elle pourrait s’appeler Pierre, Paul ou Jacques, ça m’est égal», s’agite Marie qui accorde peu d’importance à la couleur politique. C’est Bruno Beschizza, le maire d’Aulnay-sous-Bois, membre du parti Les Républicains, qui a décidé de procéder à ce changement d’appellation sans consultation. Il souhaite ainsi «rendre hommage à [son] regretté président», comme il l’écrit dans un courrier envoyé aux riverains le 18 février.

Sans inauguration

«Moi, j’aime tout le monde. Mais entre ce changement et le virus, j’en suis malade se lamente Liliana, 86 ans, appuyée sur sa canne. D’or