De jour, Calais ressemble de plus en plus à une prison à ciel ouvert. Tout le long du port et près des points stratégiques, d’immenses grillages surplombés de barbelés ont été soudés depuis la crise migratoire de 2015. L’objectif est clair : empêcher le passage de migrants dans des camions à destination de l’Angleterre. En plus de cela, les mini-campements d’exilés sont détruits toutes les quarante-huit heures pour éviter qu’une autre «jungle» ne voie le jour. Et après chaque démantèlement, une nouvelle clôture est posée. Résultat : on a ici plus que jamais le sentiment que la liberté est contrainte ou qu’elle n’existe que pour ceux qui sont bien nés.
C’est encore plus vrai de nuit quand la ville est calme, vidée de ses habitants dès 18 heures par le couvre-feu. Seules les voitures de police patrouillent : elles sont présentes en nombre aux points chauds, notamment près de la station-service qui sert au ravitaillement des poids lourds, entourée d’un haut mur de béton et de barbelés. Sur le parking de la gare du centre-ville, une Citroën Berlingo débarque à toute berzingue et vient rompre cette apparente quiétude. La conductrice ouvre la porte et se présente : c’est Antoinette, une bénévole de l’association