«Nous défendrons le bois jusqu’à ce qu’il ne soit plus menacé», assure Ingrid d’une voix calme et ferme, au nom des quelques dizaines de militants qui occupent depuis le 24 septembre le bois de la Colombière, perché à 1 500 mètres d’altitude sur la commune de La Clusaz, station de ski du massif des Aravis. A l’entrée, ils ont dressé des troncs d’arbres morts en barricade et tendu une immense banderole clamant : «Retenue collinaire : tout schuss dans le mur.»
Le bois résonne de leur travail : dans le froid et l’humidité, ça scie, ça cloue, ça visse, ça hisse… S’ils dorment pour l’instant dans de petites tentes, des cabanes et de grands barnums sont en cours d’édification. Dans les arbres, à dix mètres du sol, les premières plateformes suspendues sont opérationnelles et un réseau de cordes et de filets est patiemment tissé. «Le but est de tenir le plus longtemps, c’est stratégique, concède Lulu, barbu lesté de son matériel de cordiste. Mais nous voulons aussi marquer les esprits.» Les occupants, militants locaux et activistes d’Extinction Rebellion, ont baptisé leur camp «la Cluzad». C’est la première Zone à défendre (ZAD) jamais créée en altitude dans les Alpes françaises.
«Tout un panel de solutions n’ont pas été étudiées»
Ce bois situé sur une crête du plateau de Beauregard, zone restée non aménagée en bordure du domaine skiable de La Clusaz, au-dessus d’une tourbière