Dimanche, j’étais à Jablines. Une base nautique de Seine-et-Marne, à deux heures de vélo de Paris. Il y a un lac et deux petites plages artificielles, des terrains de foot, de l’herbe, deux buvettes et un château gonflable. C’est le «Paris Plages des banlieusards» (mais bien plus vieux). Il y a un parking immense avec des voitures brillant au soleil, qui rappelle les vacances à la mer. Jablines, c’est pour ceux qui ne partent pas en vacances, ou pas beaucoup. A vue de nez, 90 % des visiteurs sont des immigrés ou des descendants d’immigrés – racisés, dit-on. Il y a surtout des familles. Des Noirs, des Indiens, des Arabes.
Dimanche 10 août, il faisait chaud. J’ai plongé dans l’eau tiède. Sur un bout du lac, le périmètre de baignade est délimité par des ceintures de bouées. Il n’est pas très grand et il y a beaucoup de monde dans l’eau. La plage est saturée, les serviettes sont à touche-touche. Malgré ça, l’ambiance est tranquille, joyeuse même. L’excitation habituelle du barbotage un mois d’août. Et puis, il y a eu le haut-parleur.
Une voix forte, sévère, qui a couru sur toute la surface du lac. «La dame en burkini est priée de sortir de l’eau IMMÉDIATEMENT.» Instant d’incrédulité. J’ai lu comme tout le monde des articles sur