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Billet

A l’île de loisirs Jablines-Annet, l’humiliation par haut-parleur des baigneurs pas assez déshabillés

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A la base nautique de Seine-et-Marne, «Paris Plages des banlieusards», des surveillants zélés traquent et importunent les corps trop vêtus.
L'île de loisirs de Jablines-Annet (Seine-et-Marne), le 8 mai 2018. (Riccardo Milani/Hans Lucas)
publié le 11 août 2025 à 18h26

Dimanche, j’étais à Jablines. Une base nautique de Seine-et-Marne, à deux heures de vélo de Paris. Il y a un lac et deux petites plages artificielles, des terrains de foot, de l’herbe, deux buvettes et un château gonflable. C’est le «Paris Plages des banlieusards» (mais bien plus vieux). Il y a un parking immense avec des voitures brillant au soleil, qui rappelle les vacances à la mer. Jablines, c’est pour ceux qui ne partent pas en vacances, ou pas beaucoup. A vue de nez, 90 % des visiteurs sont des immigrés ou des descendants d’immigrés – racisés, dit-on. Il y a surtout des familles. Des Noirs, des Indiens, des Arabes.

Dimanche 10 août, il faisait chaud. J’ai plongé dans l’eau tiède. Sur un bout du lac, le périmètre de baignade est délimité par des ceintures de bouées. Il n’est pas très grand et il y a beaucoup de monde dans l’eau. La plage est saturée, les serviettes sont à touche-touche. Malgré ça, l’ambiance est tranquille, joyeuse même. L’excitation habituelle du barbotage un mois d’août. Et puis, il y a eu le haut-parleur.

Une voix forte, sévère, qui a couru sur toute la surface du lac. «La dame en burkini est priée de sortir de l’eau IMMÉDIATEMENT.» Instant d’incrédulité. J’ai lu comme tout le monde des articles sur