Martial Noury avait réglé la façon de tirer le dernier rideau, deux mois avant sa disparition. Un mot rédigé de la main d’une éducatrice spécialisée et signé par le sans-abri indique la consigne : «Il souhaite être enterré dans une fosse commune. Il ne veut pas de cérémonie et personne pour se recueillir devant sa sépulture.» A titre posthume, des proches trouvent à «Mars» un côté mystique à cause de ses émotions dénudées. Il riait de la même façon qu’il vrillait – brut, sans filtre, à l’os. Cela réveillerait un vieux bruit : paraît-il que des gens, avec une sensibilité différente, sentent la mort quand celle-ci vient faire ses repérages, avant de les emporter. Le 20 août 2019, son corps a été repêché dans l’eau par des pompiers.
Six ou sept ans plus tôt, cet homme, tatouages qui dévorent les bras, le nez et la joue, est apparu à Lyon. Parti de l’ouest de la France dont il est originaire pour rejoindre l’Asie sans le sou – sa légende – il s’est retrouvé dans le quartier de la Croix-Rousse, qu’il n’a plus quitté. Il y a dispensé à haute voix des leçons de punk. Peint et tagué sur des supports que la rue lui a offerts. Traîné son physique que les nuits dans la rue et les addictions avaient épluché jusqu’aux dents. Gilles Ducloux, un ami, précise : «Il voulait être inhumé dans un carré d’indigents, comme Mozart.» Les deux hommes étaient ensemble quelques heures avant le drame : «Mon mot d’adieu a finalement été un code iPhone.»
Le vendredi 16 août 2019, Marti