Depuis qu’il a reçu deux balles dans les jambes, il y a quatre ans, Youssouf (le prénom a été modifié) est «anxieux» et «méfiant». Cette tentative d’assassinat a «détruit ma santé mentale et physique», lance ce jeune homme de 27 ans, vêtu d’un tee-shirt à manches courtes malgré le froid qui règne dans les geôles du tribunal correctionnel de Marseille où il attend d’être jugé. Depuis sa dernière incarcération, au mois de juillet, il avait réussi à ne plus rien boire. Mais vendredi soir, il a craqué. Après sept ou huit verres de vodka Redbull – il ne sait «plus trop» –, il a agressé un trentenaire qui rentrait de soirée et lui a volé son portefeuille.
«Je me suis tiré une balle dans le pied mais si le juge m’envoie en prison, il va m’en tirer une deuxième», se défend-il, assis face à Elisabetta Monfardini et Marie Beschon. Depuis février 2022, cette psychiatre et cette anthropologue se rendent plusieurs fois par semaine au tribunal judiciaire pour sélectionner des hommes, plus rarement des femmes, susceptibles d’intégrer un programme qui propose une alternative à l’incarcération par le logement et le suivi intensif (Ailsi). Ce dispositif expérimental d’une durée de deux ans est destiné aux personnes qui souffrent de troubles psychiatriques et po