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Libération
Reportage

A Mayotte, les travers d’une distribution d’eau potable pas vraiment équitable

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Les premières distributions de denrées alimentaires, notamment de bouteilles d’eau, ont débuté sur l’île. Beaucoup dénoncent cependant un manque d’information et une attitude discriminante envers les Comoriens, pourtant les plus précarisés après le passage du cyclone Chido.
Une femme transporte de l'eau à Pamandzi (Mayotte), le 17 décembre 2024, trois jours après le passage du cyclone Chido. (Dimitar Dilkoff/AFP)
par Juliette Pierron, Envoyée spéciale à Mayotte
publié le 20 décembre 2024 à 18h51

«Ha bon ? Ils donnent des bouteilles d’eau à Pamandzi ?» Djamaldine n’était pas au courant que la distribution de denrées avait commencé depuis trois jours dans sa commune en Petite-Terre. Pourtant, il passe ses journées à filer des coups de main à des voisins depuis le passage du cyclone Chido, le 14 décembre. Vendredi, le dernier bilan communiqué s’élevait à 35 morts, dont un gendarme qui a succombé à un malaise après une mission de secours. Découvrant la petite foule devant le local de l’Association des jeunes de Pamandzi ce vendredi 20 décembre, le trentenaire râle : «On ne sait rien ! Il n’y a pas de réseau, les informations ne circulent pas assez bien.»

La mairie affirme que des agents ont annoncé la distribution au mégaphone dans les rues de la ville. «Pas près de chez moi ! commente Laurent, qui l’a appris d’une amie de son voisin. Je suis déjà venu ce matin mais j’ai dû revenir, car ça débute à 14 heures.» Le plan se file surtout par le bouche-à-oreille. Le premier jour, 500 personnes ont été enregistrées selon la mairie, dans une commune qui compte 11 000 habitants.

«Scandaleux»

Pour obtenir les fameuses denrées, il faut donner son prénom, son nom, son adresse et une pièce d’identité. Tout est noté scrupuleusement.