Les utilisateurs de Cityscoot à Paris ont reçu un étrange message sur WhatsApp de son concurrent Cooltra à 8 heures précises ce vendredi 23 février. «Dès aujourd’hui, Cityscoot proposera son service à Paris uniquement via Cooltra», était-il écrit. Lorsqu’on lit entre les lignes, on comprend que l’entreprise française de location de scooters en libre-service a été rachetée par sa concurrente espagnole.
Une fin scellée jeudi 22 février au tribunal de commerce de Paris, l’entreprise ayant été placée en redressement judiciaire depuis fin 2023, affectée par la concurrence d’autres services, notamment de vélos électriques. L’offre de Cooltra, seul candidat, a été «validée par le tribunal de commerce de Paris pour la reprise de Cityscoot», a indiqué l’entreprise espagnole dans un communiqué. Le plan prévoit la reprise de seulement 30 salariés sur les 168 de l’entreprise, selon les porte-parole de Cityscoot et Cooltra. L’entreprise espagnole ne compte pas non plus reprendre les scooters de Cityscoot, jugés désuets. De nouveaux engins seront déployés aux couleurs des deux marques dans Paris et la petite couronne, pour un total de 1 500 deux-roues – quand Cityscoot en revendiquait 2 500 et 250 000 utilisateurs actifs.
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Cette sortie de route est une réelle désillusion pour la start-up française lancée en 2016, pionnière du secteur et deux fois membre du «Next 40», le label créé en 2019 par le gouvernement français pour promouvoir 40 jeunes entreprises françaises considérées comme prometteuses et «susceptibles de devenir des leaders technologiques». En 2016, elle avait levé 15 millions d’euros puis 40 millions en 2018, avec pour ambition notamment de se développer en Italie et en Espagne. En septembre 2022, le groupe RATP était venu renforcer le capital de Cityscoot, devenant via sa filiale RATP Capital Innovation, et la Banque des Territoires actionnaires majoritaires.
Mais l’entreprise n’est jamais parvenue à trouver un équilibre financier et a fini par être avalée par un concurrent en meilleure santé, comme c’est souvent le cas dans ces écosystèmes hyperconcurrentiels. Après la disparition de tous les opérateurs de vélo non électriques en libre-service en 2018, l’interdiction des trottinettes dans la capitale en 2023, la chute de la start-up française prouve une nouvelle fois que le secteur des mobilités douces en «free floating» n’est pas vraiment l’eldorado que les investisseurs avaient imaginé.