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Libération
Récit

A Roubaix, une jeune femme mariée de force en Syrie désormais sous le coup de l’expulsion

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A 15 ans, Sana a été emmenée par sa mère radicalisée sur les terres de l’Etat islamique et mariée à un jihadiste. Rapatriée en France en janvier, elle risque désormais l’expulsion après un arrêté signé du préfet du Nord, malgré l’avis négatif de la commission chargée du dossier.
Au camp d'Al-Roj, en Syrie, où Sana a été détenue. (Delil Souleiman /AFP)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 11 octobre 2023 à 15h55

Rapatriée de Syrie en janvier, pour finalement tomber sous le coup d’un arrêté d’expulsion en octobre. Sana (1), 24 ans, emmenée de force chez l’Etat islamique (EI) par une mère radicalisée à l’âge de 15 ans, mariée un mois plus tard à un combattant islamique, n’a pas droit au répit. Ce mardi, le préfet du Nord, Georges-François Leclerc, n’a pas tenu compte de l’avis négatif de la Commission d’expulsion des étrangers, qui n’est que consultatif. Il a estimé, selon l’arrêté d’expulsion, que la jeune femme «est une étrangère en situation irrégulière représentant une menace grave pour l’ordre public». L’avocate de Sana, Marie Dosé, s’insurge contre cette décision, qu’elle considère comme «un passage en force», et prévoit de l’attaquer devant le tribunal administratif de Lille. Sa cliente, mère de deux enfants de 7 et 5 ans nés en Syrie, veut reconstruire sa vie en France et vit «très mal» la situation.

Sana, c’est vrai, est de nationalité algérienne, mais elle n’a jamais mis les pieds dans ce pays, et n’y a aucune famille. Elle est née en France, a grandi à Roubaix, sous la férule d’une mère autoritaire, qui la brutalisait. Son institutrice de l’époque a accepté de témoigner en sa faveur, pour cette petite fille «lumineuse, curieuse et ouverte aux autres». A 13 ans, raconte son avocate, Sana voit un courrier à son nom, l’ouvre. Elle découvre qu’elle remplit toutes les conditions pour devenir française. «Sa mère prend la lettre, la fourre dans son sa