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Libération
Reportage

A Saint-Malo, la longue attente du «Vladimir Latyshev», navire russe bloqué à quai

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Depuis trois ans, le vraquier russe, venu livrer des marchandises alors que la guerre en Ukraine débutait, est gelé dans le port de la cité corsaire. Une situation quasi inchangée pour le bateau et ses marins, aussi visibles de la population que mystérieux.
Le 29 mars à Saint-Malo, où le navire russe «Vladimir Latyshev» est bloqué à quai depuis trois ans à cause du gel des avoirs russes par la France. (Oscar Chuberre/Collectif DR)
par Manon Boquen
publié le 16 avril 2025 à 6h49

Une barrière grise, fermée à clé, longe le quai du bassin Vauban, juste en face des touristiques remparts de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Derrière la clôture, 141 mètres d’ossature bleu marine avec quelques traces de rouille, des inscriptions en cyrillique et un pavillon russe : le Vladimir Latyshev flotte sur l’eau, inratable dans le paysage. De temps en temps, des marins passent sur le pont ou vont et viennent en vigie. «En fait, c’est quoi l’histoire ? Ils ont le droit de sortir ?» s’alarme Laurence, promeneuse chevronnée, en s’arrêtant devant le bâtiment.

Impossible de grimper à bord du navire, gelé dans le port de Saint-Malo depuis trois ans et les débuts de la guerre en Ukraine. Mais la venue d’une société de vidange des eaux usées fait apparaître Vitali Romanov sur le quai. En débardeur, le tatoué musclé honore son deuxième contrat sur le vraquier après être rentré quelque temps en Russie, pour quatorze mois de présence à Saint-Malo. L’équipage est relevé tous les six mois environ grâce à des autorisations de visa spécifiques. «On a toujours des choses à faire, vous savez, des opérations pour maintenir le bateau, par exemple», dépeint le natif d’Astrakhan de 27 ans, qui s’abstiendra de commentaires sur la situation internationale. Le reste de la journée, Vitali s’entraîne, lit beauco