Interrogez quiconque se trouvait là, l’après-midi du vendredi 9 janvier 2015, près de la Porte de Vincennes, et s’égrèneront les mêmes descriptions. Ces écrans de télé où défilaient les images de l’Hyper Cacher et ses alentours, proches du périphérique de l’Est parisien. Surtout le bruit des sirènes. Les détonations. Les voitures policières partout dans le périmètre. Les rues désertes. Commerces, écoles, habitations confinées. Circulation coupée. «Comme une scène de guerre», souffle une riveraine. Les rumeurs laissent place à la sidération. A quelques heures de shabbat, une vingtaine de personnes sont prises en otages, quatre tuées. Les semaines suivantes, les forces de l’ordre restent en nombre dans les environs. L’Hyper Cacher rouvre deux mois plus tard. «Tout le personnel a changé», nous assure un employé, qui ne peut pas s’exprimer davantage. Les années ont passé.
Aujourd’hui les clients entrent et sortent du supermarché ; certains font rouler leur cabas, d’autres tiennent un sac aux couleurs de l’enseigne. Les habitués se saluent. On peut croiser Sylvain, retraité posté «plusieurs fois par semaine» vers l’entrée avec son panier en osier. Il reste des heures, aide parfois le personnel ou les clients, discute. «On n’oublie pas, mais on év