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Interview

A six mois de la réouverture de Notre-Dame : «La silhouette de la cathédrale devrait être visible cet été»

Le responsable de la restauration, Philippe Jost, est optimiste quant aux délais alors que le chantier rentre dans sa dernière ligne droite.
Après la réinstallation de la Croix du chevet au-dessus de la chaire, le 24 mai (Stephanie Lecocq/REUTERS)
publié le 8 juin 2024 à 16h36

Bras droit du général Jean-Louis Georgelin, décédé en 2023, Philippe Jost a pris sa suite à la tête de Rebâtir Notre-Dame, l’établissement public en charge de la restauration de la cathédrale, qui doit rouvrir ses portes dans six mois. Optimiste au sujet de la tenue des délais, il détaille les prochaines étapes du chantier, que Libération a pu visiter.

Quels sont les grandes étapes du chantier de Notre-Dame d’ici sa réouverture officielle le 8 décembre au public et au culte ?

Ce chantier est une course contre la montre mais heureusement, grâce à la détermination de tous, l’essentiel du travail est derrière nous ! La pose des couvertures de la nef et du chœur se termine. Une bonne partie des échafaudages des couvreurs pourra donc être prochainement retirée. Nous souhaitons que la silhouette de la cathédrale telle que nous l’avons retrouvée puisse être visible, cet été, pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Tout ne le sera pas – notamment pour ce qui concerne les bras du transept –, mais le public pourra redécouvrir les grandes toitures grises avec leurs crêtes de faîtage et la croix du chevet restaurée que nous avons posée le 24 mai.

L’intérieur de la cathédrale, lui, est complètement nettoyé et restauré. Nous en sommes aux finitions. A partir de l’été, nous entrerons dans une phase d’essai et de validation des installations techniques. Nous passerons progressivement le relais aux entreprises de l’affectataire [le diocèse de Paris ndlr] qui a en charge tout ce qui permet le bon déroulement des offices religieux.

Pour ce qui concerne la partie inférieure de la flèche, la couverture en plomb n’est pas achevée et nous allons remonter des échafaudages après l’été pour poursuivre cette partie des travaux. Elle se terminera peu après la réouverture de Notre-Dame.

Qu’est-ce qui vous marque dans ce chantier qui a démarré il y a cinq ans ?

Je pourrais vous citer beaucoup de très belles réalisations. Les restitutions de la flèche, le montage de la flèche, du grand comble et des voûtes effondrées ont impliqué un immense savoir-faire et des trésors d’intelligence ; le travail des sculpteurs qui refont à l’identique une chimère de Viollet-le-Duc m’impressionne beaucoup. Mais, dans ce chantier, ce qui me frappe le plus est la dimension humaine. Je vois l’enthousiasme, la fierté des compagnons, des artisans d’art, des échafaudeurs, des agents de sécurité ou d’entretien, des équipes qui préparent les repas, des ingénieurs et des architectes, tous experts dans leur métier. Chacun est heureux d’être là ! Ils sentent qu’ils vivent quelque chose d’unique dans leur vie et qui va continuer à compter. Avec eux tous, nous avons partagé de très beaux moments.

Que va-t-il se passer après la réouverture de la cathédrale au public et au culte ?

Avant l’incendie, la cathédrale, nous le savons, était en mauvais état. La sacristie et le chevet étaient les parties qui nécessitaient, de manière urgente, une restauration. L’incendie a provoqué, il y a cinq ans, une émotion considérable qui s’est muée en un grand élan de générosité. Grâce aux donateurs, 846 millions d’euros ont été collectés. Ces dons n’ont pas tous été épuisés et nous pourrons poursuivre la restauration sur les parties extérieures du monument. Pour cela, nous allons conserver, au niveau du chevet, les échafaudages qui montent jusqu’à la base de la toiture. Nous allons pouvoir mener des travaux qui étaient dans les cartons avant 2019.