Trop c’est trop. Une trentaine d’enseignants se sont rassemblés ce jeudi 30 novembre au matin devant le collège Kléber à Strasbourg, où un professeur de français a été menacé de mort par un élève, provoquant ainsi un mouvement de grève. «Un de nos collègues a été menacé de mort mardi midi par un élève de troisième à qui il avait confisqué son téléphone portable. L’élève lui a dit : «je ramène des copains à la sortie, je te tue»», a expliqué Gilles Comte, professeur d’histoire-géographie, qui participait à ce rassemblement «pour montrer [sa] solidarité». Selon lui, il y avait 37 grévistes sur 38 enseignants ayant cours jeudi.
«C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase, il y a plein d’incidents», a-t-il poursuivi, précisant que depuis la rentrée une «collègue a été agressée par un ancien élève qui s’était introduit dans l’établissement avec deux autres élèves», et qu’il y a également eu «trois explosions de pétards à l’intérieur de l’établissement». «Au vu des précédents, Samuel Paty et Dominique Bernard, on se doit de ne pas laisser passer. Il nous paraissait important de dire que nous sommes solidaires et que nous refusons absolument de continuer comme si de rien n’était», a expliqué le professeur d’Education musicale Daniel Elbaz à France Bleu Alsace.
«Il n’y a pas de communication, pas de soutien de la direction, on a l’impression d’être abandonnés», a regretté Gilles Comte. D’autant, qu’à ses yeux, son collègue ciblé par les menaces de mort est un enseignant qui «s’investit énormément» et qui a été «très touché» par l’incident. Il a porté plainte mardi après-midi et se trouve depuis en arrêt maladie. Une mesure conservatoire a été prise contre l’élève auteur des menaces, exclu de l’établissement jusqu’à son passage en conseil de discipline le 19 décembre prochain.
«On n’arrive plus à faire notre boulot»
«On n’arrive plus à bien faire notre boulot», a témoigné Charlotte Serisier, enseignante de français, citant les «insultes qui reviennent très régulièrement», «les retards systématiques d’élèves», le «déclenchement d’alarmes incendie» qui est devenu «le jeu à la mode depuis la rentrée». Selon les Dernières nouvelles d’Alsace, le corps enseignant de l’établissement déplore également un tir de mortier dans un couloir du lycée en début de semaine.
Avec quelque 700 élèves, le collège Kléber est un «gros établissement, avec une mixité sociale qui s’est accrue, ce qui est bien. On accueille des élèves qui viennent de REP + mais on n’a pas de moyens adaptés», a-t-elle décrit, tenant une pancarte demandant «des moyens pour accompagner tous nos élèves». «Il n’y a pas assez de surveillants dans la cour ou en permanence face à des élèves qui ont de plus en plus de mal à respecter la parole de l’adulte et qui sont de plus en plus provocateurs. C’est très difficile à gérer ces dernières années», abonde Gilles Comte auprès de France Bleu.
Jean-Pierre Gavrilovic, responsable du syndicat Snalc Alsace, a affirmé avoir été reçu par la cheffe d’établissement le 23 novembre «suite à la forte dégradation des conditions de travail rapportées par les collègues». Mais cette dernière selon lui a «botté en touche». Dans un message posté sur X (ex-Twitter), la maire écologiste de Strasbourg Jeanne Barseghian a, elle, fait par de «tout [son] soutien» au corps enseignant de Kléber.