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Affaire Abbé Pierre, retour sur sept mois de révélations

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Depuis juillet 2024, deux rapports commandés par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre ont révélé des faits de violences sexuelles sur 24 femmes par l’abbé Pierre. Un troisième volet doit être publié ce lundi 13 janvier.
L'abbé Pierre dans son bureau à Charenton. (Sergio Gaudenti, Sergio Gaudenti/Sygma. Getty Images)
par Adèle Pétret
publié le 13 janvier 2025 à 15h08

Des révélations comme autant de déflagrations. Mort en 2007 à 94 ans, l’abbé Pierre, figure de charité et résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, est aujourd’hui accusé d’agressions sexuelles par 24 femmes. L’omerta a été levée en juillet 2024 après l’enquête du cabinet indépendant Egaé commandée par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé-Pierre dont il était le cofondateur. Panorama chronologique de ce qui est devenu l’affaire abbé Pierre.

Juillet 2024 : sept femmes témoignent d’agressions sexuelles commises par le prêtre entre la fin des années 1970 et 2005

Le 17 juillet 2024, le mouvement Emmaüs rend public un rapport d’enquête mené par Caroline De Haas, du cabinet Egaé. L’abbé Pierre y est accusé par sept femmes, dont une mineure au moment des faits, de violences sexistes et sexuelles entre la fin des années 1970 et 2005. Parmi les faits, le rapport fait état de «comportements inadaptés d’ordre personnel», d’une «proposition sexuelle», de «propos répétés à connotation sexuelle», de «tentatives de contacts physiques non sollicités» et notamment de «contacts non sollicités sur les seins». Cinq personnes font état de comportements répétés.

Après la publication de ce rapport, la Confédération des évêques de France a réagi dans un tweet, assurant «les personnes victimes de sa profonde compassion et de sa honte que de tels faits puissent être commis par un prêtre».

Août 2024 : «Libération» révèle que l’Eglise catholique avait été alertée dès 1955

Quelques semaines après la publication du rapport, une enquête de Libération établit que la hiérarchie catholique de l’abbé était au courant du comportement problématique du prêtre depuis au moins les années 1950. Lors d’un voyage aux Etats Unis en 1955, Henri Grouès, de son vrai nom, aurait eu à New York un comportement dont se sont plaint deux femmes. Mais à l’époque, l’Eglise ainsi que des responsables d’Emmaüs choisissent d’étouffer le scandale et d’adopter «la politique du silence». Le 16 septembre, le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort, confirme dans une tribune au journal le Monde que «quelques évêques au moins» étaient au courant «dès 1955-1957» du «comportement grave» de l’abbé Pierre «à l’égard des femmes».

Septembre 2024 : 17 nouvelles accusations de violences sexuelles

Début septembre 2024, le cabinet Egaé publie un second rapport qui fait état de 17 nouvelles accusations contre l’abbé Pierre. La majorité des faits rapportés ressemblent à ceux des premiers témoignages. Certains font cependant état de «contacts sexuels répétés sur une personne vulnérable», de «pénétration sexuelle répétée» et de «baisers forcés et autres contacts sexuels sur une enfant». Les témoignages remontent aux années 1950 pour des faits qui se sont produits pour la plupart en France, mais également à l’étranger, aux Etats-Unis, au Maroc, en Belgique ou en Suisse. Les victimes sont «des bénévoles d’Emmaüs, des salariées de lieux dans lesquels l’abbé Pierre a séjourné (hôtels, cliniques…), des membres de familles proches de l’abbé Pierre, ou encore des personnes rencontrées lors d’événements publics. Certaines victimes étaient entrées en contact avec l’abbé Pierre pour solliciter son aide», précise le rapport. Ces accusations ont conduit la fondation à annoncer qu’elle allait changer de nom.

Janvier 2025 : de nouvelles révélations attendues

Alors que de nouvelles révélations sont survenues ce lundi 13 janvier, Esther Romero, l’une des 24 victimes identifiées de l’abbé Pierre, a témoigné en son nom propre au micro de BFMTV dimanche 12 janvier. Cette journaliste d’origine péruvienne, âgée aujourd’hui de 88 ans, dit avoir été agressée par le prêtre en 1988, lors d’une interview en Suisse. Il lui aurait «frotté les seins et mis sa langue dans sa bouche». Sidérée sur le moment, Esther Romero n’a pas porté plainte. En décembre, le Monde avait révélé que l’abbé Pierre aurait lui-même été victime d’agressions sexuelles durant son enfance.