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Haine

Actes antisémites en France : Aurore Bergé prévoit des chiffres de 2024 similaires à ceux de 2023

Dans une interview à Europe 1 dimanche 5 janvier, la ministre de la Lutte contre les discriminations affirme qu’au «30 novembre, on était à près de 1 500 faits d’antisémitisme», dont 63 % représentaient des atteintes à la personne.
Une croix gammée taguée sur la devanture d'un centre dentaire, dans le XXe arrondissement de Paris, le 25 novembre. (Amaury Cornu/Hans Lucas)
publié le 5 janvier 2025 à 15h53

Le nombre de faits d’antisémitisme recensés en France en 2024 devrait approcher celui comptabilisé l’année précédente, qui marquait une très forte hausse, a affirmé ce dimanche 5 janvier la ministre de la Lutte contre les discriminations Aurore Bergé. «L’augmentation des faits d’antisémitisme est assez spectaculaire […], aujourd’hui les chiffres que j’ai au 30 novembre, on était à près de 1 500 faits d’antisémitisme», a-t-elle déclaré dans un entretien à Europe 1, les Echos et CNews, précisant que les chiffres globaux pour 2024 seront publiés par le ministère de l’Intérieur.

Selon Aurore Bergé, «la plupart de ces faits, ce n’est pas juste du registre de l’insulte, ce sont des faits d’atteintes directement aux personnes, soit parce qu’elles sont juives, soit parce qu’on pense qu’elles le sont». Selon ses services, les atteintes à la personne représentent 63 % des faits recensés. En 2023, selon les données du Conseil représentatif des institutions juives de France communiquées en janvier, le nombre de faits antisémites recensés dans le pays avait été multiplié par quatre sur un an, avec 1 676 cas.

«Parce que maintenant, le simple fait de défendre des positions claires, républicaines, de rappeler que le 7-Octobre, ce sont d’abord des attentats terroristes perpétrés par le Hamas, de soutenir tout simplement les familles d’otages […] fait de vous une cible potentielle d’attaques antisémites», a affirmé la ministre. Aurore Bergé a confirmé la relance des assises de lutte contre l’antisémitisme, qui avaient été lancées en mai l’an dernier, avec un premier rendez-vous fixé, selon son ministère, au «13 février prochain, qui marque la date anniversaire de la mort d’Ilan Halimi» en 2006.

«Sentiment de solitude»

Elle a estimé que le «chantier prioritaire» était celui de «l’université». Evoquant des «faits absolument intolérables et insupportables», «insultes», «tentatives d’intimidations», rapportés «quasiment au quotidien dans les universités ou dans des grandes écoles», elle a affirmé : «J’entends qu’ils puissent être comptabilisés.» Parlant d’étudiants «empêchés d’aller en cours» ou «qui vont entendre scander juste à côté d’eux des slogans absolument insupportables», et du «sentiment de solitude absolue», elle a pointé un «manque de courage des autres étudiants». Si ces actes peuvent être comptabilisés dans les statistiques du ministère de l’Intérieur, un rapport sénatorial publié en juin 2024 avait jugé qu’il était «largement sous-évalué».

Disant déplorer qu’après «des attentats terribles le 7-Octobre dernier, au lieu d’avoir une vague de soutien, on a une vague d’antisémitisme», elle a estimé «qu’aujourd’hui on met une cible dans le dos à chaque Français juif, parce qu’on considère qu’il serait coresponsable de la situation humanitaire à Gaza».