Menu
Libération
Témoignage

Adlen, pris dans une guerre entre bandes et abattu à 18 ans : «Il est mort mais il n’a jamais fait de mal à personne»

Article réservé aux abonnés
«Libération» a rencontré la famille du jeune homme mort en septembre, pris dans une guerre entre bandes dans son quartier. En quête de justice, ils appellent à briser l’omerta pour éviter d’autres victimes.
Dans le quartier des Beaudottes à Sevran (Seine-Saint-Denis), en janvier 2013. (Albert Facelly/Libération)
publié le 23 octobre 2023 à 18h25

Dimanche 10 septembre. L’obscurité a recouvert la ville de Sevran (Seine-Saint-Denis) depuis des heures. Adlen, 18 ans, et deux de ses copains papotent à l’angle du chemin de Savigny et de l’avenue Lumière. Soudain, du bruit. Un jeune homme inconnu surgit. Il a une arme. La petite bande tente de prendre la fuite. Adlen est touché. Il tombe. Deux balles dans la tête. La nouvelle fait illico le tour du quartier. Ses parents arrivent sur les lieux. Rien ne le ramènera à la vie. Ni les secours ni les cris de souffrance des siens. Pourquoi lui ? Qui a tiré ? Une enquête de la brigade criminelle est ouverte. Adlen n’était pas connu des services de police. Une victime collatérale, comme on dit, d’une baston entre quartiers de la ville. Un gamin qui meurt à cause d’une adresse. Ce n’est pas la première fois dans les parages. De nombreuses fusillades ont déjà ensanglanté le secteur ces derniers mois. De la peur en abondance et quelques blessés. Adlen est le premier mort.

Quelques semaines plus tard, ses géniteurs sont installés dans le bureau de leur avocate, Me Menya Arab-Tigrine, dans les beaux quartiers de la capitale. La douleur se discerne à l’œil nu. Cécile, la mère, est la plus loquace des deux. Elle répète les mêmes mots comme pour assimiler une réalité qu’elle peine à accepter. Un enfer sans échappatoire. Adlen est innocent. Il ne devait pas mourir. Elle demande aux silencieux, aux témoins, à ceux qui auraient le moindre indice, de prendre la parole afin de retrouver celui qu