Depuis une poignée de semaines, l’air, pour Marie (1), s’est allégé de lourds secrets. «Enfin ça sort ! Une pensée pour ma mère qui a fait remonter les faits à la Ciase [Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise, ndlr] avant de décéder. Ma sœur et moi avons témoigné pour elle. Sans nouvelle depuis, c’est une libération que de voir cet article», s’exclamait la trentenaire, le 17 juillet, sur les réseaux sociaux, à l’annonce du communiqué du mouvement Emmaüs qui révélait ce jour-là les accusations de violences sexuelles portées par sept femmes contre son prestigieux fondateur, l’abbé Pierre.
Les heures et les jours qui ont suivi, Marie a continué à laisser des traces. Comme une urgence à participer à la libération collective de la parole, à se détacher des liens du silence, à dessiner aussi les pistes qui permettraient de remonter jusqu’à elle. «Ma mère a écrit une lettre de sa main. Envoyée par la poste», précisait-elle une fois encore dans des échanges publics, comme pour signifier que le témoignage livré en 2019 à la Ciase ne devait pas tomber dans l’oubli. Avec des mots précis et directs, E. de C., la mère de Marie, y décrivait comment l’abbé Pierre, qui l’aidait matériellement, avait fait d’elle, en 1989-1990, son obje