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Libération
Cold case

Affaire Grégory : l’identification d’un des «corbeaux» débouche sur «une fausse piste»

Sur l’enveloppe d’une des lettres envoyées neuf mois après la mort du petit garçon, l’ADN a parlé. Une révélation qui hélas n’apporte rien à l’enquête.
La maison de Monique et Albert Villemin, grands-parents de Grégory, à Aumontzey, en juin 2017. (PATRICK HERTZOG/AFP)
publié le 11 octobre 2023 à 19h36

Un des «corbeaux» qui a écrit une lettre anonyme aux grands-parents du petit Grégory Villemin, dont le meurtre reste irrésolu près de quarante ans après, a été identifié. Mais il s’agit d’une «fausse piste», a indiqué ce mercredi 11 octobre le parquet général de Dijon.

«Je vous ferez [sic] à nouveau votre peau à la famille Villemain [sic]. Prochaine victime Monique», menaçait ce courrier, en date du 24 juillet 1985, adressé à Monique et Albert Villemin. Neuf mois plus tôt, le 16 octobre 1984, le corps de leur petit-fils de 4 ans avait été retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne (Vosges).

Les courriers et coups de fil anonymes avaient débuté en 1981. Cette lettre du 24 juillet 1985, précise Marianne qui révèle l’information, était singulière aux yeux des enquêteurs car elle a été expédiée dans une enveloppe de la même marque que la lettre de revendication du crime.

«ADN de parentèle»

De l’ADN retrouvé sur cette lettre anonyme a été comparé aux données du Fichier national automatisé des empreintes génétiques (Fnaeg) dans le cadre de nouvelles expertises sur une série de scellés, demandées par Christine et Jean-Marie Villemin, les parents de l’enfant, et autorisées en janvier 2021 par la justice. Il s’agissait de recherches en «ADN de parentèle», une méthode qui permet de relier une empreinte génétique avec d’autres issues de la même parenté afin d’en vérifier la conformité avec celles présentes dans le Fnaeg.

Cette comparaison a permis d’identifier l’autrice de la lettre : une femme qui vivait à Paris à l’époque. Entendue, cette femme d’origine guadeloupéenne, précise Marianne, dont l’empreinte génétique figurait au Fnaeg pour un délit d’escroquerie, a confirmé avoir écrit la lettre mais a nié toute participation à l’assassinat. Elle ne risque rien sur le plan pénal.

Confirmant cette information, Thierry Pocquet du Haut-Jussé, procureur général à Dijon, a indiqué à l’AFP qu’il s’agissait «d’une fausse piste». «Ce n’est pas la lettre de revendication du crime, a précisé François Saint-Pierre, un des avocats des parents de Grégory. Mais celle d’une personne désœuvrée sans lien avec l’affaire.»

Expertises en graphologie

L’affaire, instruite à la cour d’appel de Dijon, s’est concentrée au fil des années sur un «corbeau» auteur de nombreuses lettres anonymes menaçantes envers les Villemin.

En 2017, des expertises en graphologie avaient attribué une lettre datant de 1983 à Jacqueline Jacob, grand-tante de Grégory. Elle et son mari Marcel avaient été mis en examen mais cette procédure a été annulée en mai 2018 pour vice de procédure. Les époux ont toujours nié être mêlés à l’affaire. Le dossier ne compte plus, depuis, de mis en examen.

D’autres expertises restent en cours, précise Marianne, pour identifier neuf ADN sur certains scellés, notamment sur les vêtements de Grégory, sur l’embout d’une seringue découverte au bord de la Vologne et sur le timbre de la lettre de revendication de l’assassinat.