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Drame

Affaire Kendji Girac : le chanteur a voulu «simuler un suicide» pour que sa femme ne parte pas

Quatre jours après qu’une balle de revolver est venue transpercer le torse du chanteur sur une aire d’accueil de gens du voyage, à Biscarrosse, le procureur des Landes a retracé les faits ce jeudi 25 avril de manière détaillée.
Le chanteur Kendji Girac au Zénith de Limoges le 20 mars 2022. (Jean-Pierre Bouchard/Gamma-Rapho)
publié le 25 avril 2024 à 15h23
(mis à jour le 25 avril 2024 à 16h08)

Une conférence de presse très attendue. Ce jeudi 25 avril, le procureur de la République de Mont-de-Marsan (Landes), Olivier Janson, a affirmé que d’après les premières conclusions de l’enquête sur l’affaire Kendji Girac, l’hypothèse d’«un tir qui aurait été réalisé par un tiers est écartée. Qu’il s’agisse d’une personne extérieure au camp, d’une agression ou d’une altercation avec un membre de sa famille, et plus précisément sa compagne. Aucun élément de l’enquête ne va en ce sens». Le chanteur, qui est revenu sur sa première version, a déclaré avoir «simulé un suicide» pour faire peur à sa compagne, qui menaçait de partir s’il ne réglait pas son addiction à l’alcool.

Les témoignages de la compagne du chanteur, Soraya M., et du principal intéressé ont permis de faire la lumière sur le déroulé des événements qui se sont produits dans la nuit du dimanche 21 au lundi 22 avril, lorsqu’une balle de revolver est venue transpercer le torse du chanteur, sur une aire d’accueil de gens du voyage à Biscarrosse (Landes). Admis à l’hôpital Haut-Lévêque de Pessac, au sud-ouest de Bordeaux, Kendji Girac, 27 ans, avait alors expliqué aux secours avoir acheté l’arme, un Colt 45, dans une brocante et s’être blessé accidentellement en la manipulant alors qu’il se trouvait avec sa femme et leur fillette à l’intérieur d’une caravane. Finalement, le chanteur assure s’être intentionnellement tiré dessus, sans avoir conscience que le chargeur contenait des munitions.

«Quand j’ai vu qu’elle allait partir, j’ai eu peur»

Pour le décor, le procureur relate que plusieurs disputes ont éclaté cette nuit-là. D’après le témoignage de Soraya M., cité par le procureur, la consommation d’alcool de Kendji Girac faisait souvent l’objet de querelle au sein de leur couple. Soraya M. s’est plainte du bruit qu’a fait le chanteur à l’intérieur de la caravane, puis dans sa voiture, après être rentré très tard dans la nuit. Celui-ci ayant réveillé leur fille deux fois, la jeune femme s’est rendue dans la chambre avec la fillette après lui avoir dit qu’elle allait partir. Elle a alors entendu son conjoint fouiller dans les placards du salon puis un coup de feu. «Ce dont je suis absolument certaine, c’est qu’il n’y avait personne d’autre. Ce ne peut être que lui qui s’est tiré dessus, volontairement ou accidentellement», a-t-elle déclaré aux enquêteurs, précisant que Kendji Girac lui avait déjà lancé lors de disputes précédentes qu’il «allait se mettre une balle ou s’ouvrir la gorge». Le procureur précise que le taux d’alcool du chanteur était de 2,5 grammes par litre de sang lundi matin, et que des traces de cocaïne avaient également été retrouvées dans son organisme.

«Il a indiqué qu’en fait, cette impulsion consistait à vouloir faire peur à sa femme, à l’impressionner», cite le procureur. Sa compagne l’ayant menacé de partir, dans «un moment de panique, il a à son tour voulu lui faire peur. En quelque sorte, il a simulé un suicide». Kendji Girac «regrette profondément» son geste, et souhaite lever tout soupçon sur Soraya M. : «En aucun cas ma femme m’a tiré dessus. Quand j’ai vu qu’elle allait partir, j’ai eu peur. J’étais saoul à un point de ne pas savoir trop quoi faire.» Le jour où le chanteur a été admis aux urgences, le procureur de Mont-de-Marsan avait ouvert une enquête pour «tentative d’homicide volontaire» après de premiers témoignages jugés «confus». Le procureur a ajouté que d’après les observations du médecin légiste, le chanteur avait manifestement été touché par un «tir à bout portant», au niveau «du mamelon gauche», «à proximité immédiate du cœur». «Les conséquences de ce tir auraient pu être beaucoup plus graves qu’elles ne le sont», assure-t-il.

La thèse d’un tir accidentel écartée

Une version qui concorde avec les éléments de l’enquête. La position du blessé, qui se trouvait à proximité de la paroi externe de la caravane, rend «matériellement impossible» la «présence d’un tiers». «Il n’y a pas la place entre le mur extérieur et Kendji Girac pour qu’un tiers se trouve à cet endroit-là.» La thèse d’un tir accidentel a également été écartée par les investigations, les différents crans de sûreté et de sécurité de l’arme utilisée étant fonctionnels. «Un accident, un tir intempestif […] est jugé impossible» dans les circonstances étudiées par les enquêteurs. «Il ne peut pas y avoir de coup de feu sans qu’on ait mis en fonctionnement cette arme, et qu’on ait utilisé très clairement les préconisations en la matière», précise Olivier Janson.

Qu’il s’agisse d’un «suicide simulé qui tourne mal ou d’un véritable suicide tenté par Kendji Girac», les deux faits ne sont pas pénalement répréhensibles. La procédure judiciaire arrivera donc à son terme «très prochainement», assure le procureur de Mont-de-Marsan. Le chanteur, lui, est «tiré d’affaire», a déclaré mardi son manager, Hakim Nassouh.