Le moment est crucial dans l’affaire Tariq Ramadan, le théologien et prédicateur musulman accusé par quatre femmes de viols qui se seraient produits à Lyon, Lille, Paris et Bruxelles, entre 2009 et 2016. La cour d’appel de Paris examine, ce vendredi après-midi, ce dossier à fort impact médiatique et politico-religieux, le théologien ayant contesté la décision de deux juges d’instruction de le renvoyer, après plus de cinq ans de procédure, devant la cour criminelle pour être jugé pour des faits de viols.
Ayant éclaté en octobre 2016, l’affaire Ramadan est emblématique de l’ère #MeToo. Sur les réseaux sociaux, Henda Ayari, militante féministe et ex-salafiste, avait alors publiquement accusé le prédicateur de l’avoir violée et avait porté plainte dans la foulée. Plusieurs femmes, dont l’une surnommée «Christelle» par la presse, s’étaient, à leur tour, manifestées et avaient entamé une procédure, révélant la face sombre d’une figure marquante de l’islam européen.
Né en Suisse, d’abord très actif dans la région lyonnaise, Ramadan a beaucoup compté sur la scène musulmane française pendant une vingtaine d’années, avant de devenir professeur à Oxford et de s’installer au Qatar une grande partie de l’année. A la suite de ces révélations faisant état, au minimum, de relations sexuelles très brutales et de pratiques en contradiction avec la stricte morale islamique, le théologien a été quasiment mis au ban des milieux musulmans.