Samedi 15 février, François Bayrou va rencontrer, à Pau, le collectif des victimes du collège-lycée de Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques. C’est ce qu’a appris l’AFP vendredi 14 février auprès de son entourage, confirmant une information de BFMTV. Le Premier ministre a déjà échangé au téléphone mercredi avec le porte-parole des victimes, Alain Esquerre, qui reprochait au maire de Pau de «n’avoir pas eu un mot» pour ces dernières depuis le début de l’affaire en 1996. Selon l’entourage de François Bayrou, il aurait demandé au porte-parole des victimes «comment il pouvait les aider». 112 plaintes d’anciens élèves ont été déposées pour des faits de viols, d’agressions sexuelles et de violences physiques qui auraient été commis entre les années 70 et 90.
De son côté, le ministère de l’Education nationale a fait savoir dans la soirée que le rectorat de Bordeaux allait ouvrir une enquête sur les faits de violences survenus dans l’établissement. «Le ministère a demandé au rectorat de Bordeaux d’avancer ses opérations de contrôle pour disposer d’éléments sur le fonctionnement actuel de cet établissement», peut-on lire dans le communiqué du ministère dirigé par Elisabeth Borne. Le ministère précise toutefois ne pas avoir à ce stade connaissance de contrôles passés dans le collège-lycée
Peu après l’annonce de la visite de François Bayrou au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, Mathilde Panot a annoncé la saisine du procureur général près de la Cour de cassation. Dans un communiqué publié sur X dans la soirée, la présidente du groupe LFI-NFP à l’Assemblée nationale indique avoir adressé une saisine au procureur général près de la Cour de cassation au titre de l’article 40, soit l’existence de faits susceptibles de constituer une infraction pénale. «Ainsi, les affaires judiciaires passées, ainsi que les révélations des enquêtes journalistiques, révèlent que François Bayrou paraît avoir eu connaissance des faits de violences et n’a manifestement pas saisi les autorités judiciaires compétentes pour les faire cesser. Ainsi, ces entraves semblent constituer les infractions d’entraves à la saisine de la justice, ainsi que d’entrave ou d’entrave aux mesures d’assistance et de l’omission de porter secours, concernant des violences sur mineurs», précise le texte.
Un peu plus tard dans la soirée, c’est au tour du groupe Ecologiste et Social de déposer une proposition de résolution pour créer une commission d’enquête sur les faits commis dans l’établissement. «Celle-ci devra faire toute la lumière sur tout un système qui, par son silence, son inaction, ses défaillances ou son aveuglement volontaire, a permis que ces crimes se poursuivent, année après année, sans que les enfants victimes ne trouvent protection», précise le texte publié par le groupe ce vendredi soir sur les réseaux sociaux.
«Défaillances du contrôle des établissements privés sous contrat par l’Etat»
Dans un communiqué publié ce vendredi sur X, le député LFI Paul Vannier demande à la ministre de l’Education nationale Elisabeth Borne de «diligenter une mission de l’inspection générale afin de s’assurer de la protection des élèves de Notre-Dame-de-Bétharram». Une manière selon lui de «s’assurer de la situation des élèves actuellement scolarisés dans l’établissement». Jeudi 13 février, La France insoumise (LFI) a demandé en ce sens la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur «les défaillances du contrôle des établissements privés sous contrat par l’Etat».
Enquête
Le 5 février, une enquête de Mediapart révélait que François Bayrou avait connaissance des accusations d’agressions sexuelles à Notre-Dame-de-Bétharram, depuis la fin des années 1990. Des déclarations niées par le Premier ministre mardi 11 février, qui affirme n’avoir «jamais été informé» des faits allégués. Le Premier ministre est accusé par la gauche d’avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles. Interrogé par les députés insoumis et écologistes, le chef du gouvernement a encore «récusé» mercredi devant l’Assemblée nationale les accusations de mensonge.