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Rencontre

Alice Diop : «L’extrême droite au pouvoir, ce n’est pas un inconfort moral mais une peur réelle, la vie ou la mort»

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Elections législatives 2024dossier
La cinéaste raconte la «dissolution intérieure» qui l’a saisie le 9 juin, la peur et la colère qui ont suivi, et appelle à regarder en face «le racisme rampant» dans la société française. Tout en se mobilisant pour inciter les habitants des quartiers populaires à voter aux législatives des 30 juin et 7 juillet.
«Tout le monde peut bomber le torse en disant qu’il a vu venir le danger mais c’est du vent tant que ça ne devient pas réel», raconte Alice Diop, la réalisatrice primée pour «Saint-Omer». (Marguerite Bornhauser/Libération)
publié le 25 juin 2024 à 18h00

Ça commence par un message vocal. «Bonjour, c’est Alice Diop, je ne vais pas bien depuis les élections. Et je ne suis pas la seule. Nous sommes plusieurs à avoir peur. J’aimerais bien vous parler d’un collectif qui vient de se créer pour inciter les habitants des quartiers populaires à voter.» Une discussion débute à distance. Elle a duré des jours. La cinéaste, primée à la Mostra de Venise pour Saint-Omer, est prise dans un tourbillon. Tout se mélange : colère, trouille, espoir, révolte. Ça part dans tous les sens. Les législatives anticipées approchent à grands pas de bottes, les 30 juin et 7 juillet. Le succès possible du Rassemblement national perturbe ses jours, ses nuits et sa vie. Alice Diop a perdu ses repères. Comment faire pour les retrouver ?

La cinéaste de 45 ans a lancé un collectif quatre jours après la dissolution annoncée par le président de la République. Le nom est simple : «Nous, on vote». Des potes, des artistes et des figures culturelles. Une petite bande et un objectif : mobiliser la jeunesse des quartiers populaires qui regardent les