Ça commence par un message vocal. «Bonjour, c’est Alice Diop, je ne vais pas bien depuis les élections. Et je ne suis pas la seule. Nous sommes plusieurs à avoir peur. J’aimerais bien vous parler d’un collectif qui vient de se créer pour inciter les habitants des quartiers populaires à voter.» Une discussion débute à distance. Elle a duré des jours. La cinéaste, primée à la Mostra de Venise pour Saint-Omer, est prise dans un tourbillon. Tout se mélange : colère, trouille, espoir, révolte. Ça part dans tous les sens. Les législatives anticipées approchent à grands pas de bottes, les 30 juin et 7 juillet. Le succès possible du Rassemblement national perturbe ses jours, ses nuits et sa vie. Alice Diop a perdu ses repères. Comment faire pour les retrouver ?
La cinéaste de 45 ans a lancé un collectif quatre jours après la dissolution annoncée par le président de la République. Le nom est simple : «Nous, on vote». Des potes, des artistes et des figures culturelles. Une petite bande et un objectif : mobiliser la jeunesse des quartiers populaires qui regardent les