Dimanche, ils étaient plusieurs milliers à se réunir à l’appel des syndicats étudiants à la gare de Corte, siège de l’université Pasquale-Paoli, en soutien à Yvan Colonna, militant indépendantiste corse condamné pour l’assassinat du préfet Erignac et agressé mercredi à la prison d’Arles par un détenu jihadiste. Lancée jeudi à l’issue d’une assemblée générale telle que la famille nationaliste n’en a pas connu depuis des années, la manifestation avait pour mot d’ordre «Statu francese assassinu» («l’Etat français assassin»). Un slogan politique ressurgi des années 80-90, lorsque le Front de libération nationale corse et ses ramifications étaient très actifs, qui lui conférait d’emblée une tonalité belliqueuse.
Justice
La veille pourtant, la famille d’Yvan Colonna avait espéré, par le biais d’un communiqué, que la mobilisation puisse s’élargir à «d’autres sensibilités, associatives politiques ou autres», pour lui attribuer davantage de force. Mais depuis mercredi, la tension n’a cessé de monter sur une île choquée par la violence de l’agression. L’arrivée de camions de forces de l’ordre débarqués jeudi a attisé un peu plus la colère insulaire. Ces derniers jours, Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse depuis 2015 et ex-avocat d’Yvan Colonna, et les autres leaders des partis autonomistes et indépendantistes (ils ont bénéficié de 70% des suffrages aux élections territoriales de juin) ont multiplié les déclarations pour incriminer l’Etat. Ils le jugent directem