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Attaque d’Arras : «On ne découvre pas qu’on peut mourir d’enseigner. On n’avait fait que l’oublier»

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Après la mort de Dominique Bernard, tué vendredi 13 octobre dans son établissement du Pas-de-Calais, les enseignants oscillent entre la douleur et un malheureux sentiment d’habitude, et lui rendent hommage.
Le lycée Gambetta à, Arras le 14 octobre 2023. (Stephane Dubromel/Hans Lucas pour Liberation)
par des professeurs
publié le 15 octobre 2023 à 21h01

Depuis le meurtre de Dominique Bernard, professeur de français tué vendredi 13 octobre à Arras, les témoignages d’enseignants inondent le Web et les réseaux sociaux. Entre sidération, peur et lassitude, ils appellent à défendre davantage leur profession, rempart fragile contre les idéologies meurtrières.

Aurélie, ancienne collègue de Dominique Bernard

«Dominique, ta silhouette, je la vois sur le perron du lycée Gambetta, quand nous arrivions ensemble pour aller enseigner et que nous gravissions ces quelques marches, alourdis par nos sacs, nos copies, nos livres et nos idées. Alourdis, mais tellement légers ! Parce que toi et moi allions faire ce que nous aimions, ce pour quoi nous étions taillés : élever.

«Ta silhouette, je la vois dans la salle des profs, je vois ta chemise, toujours, le gobelet que tu tiens, ton sourire malicieux parce que tu as un truc marrant à dire. Il était difficile de ne pas s’approcher, de ne pas t’écouter. De ne pas se laisser ravir par un conseil de lecture, une anecdote. Un rien. Un tout.

«Ta silhouette, je la vois dans les couloirs, devant une classe un peu dispersée que ta présence ramenait au calme, parce que c’est monsieur Bernard, alors bonjour m’sieur. C’était aussi ça ton pouvoir avec les élèves. Tu étais là pour eux