Dans le bus 270, bondé comme jamais en cette fin de matinée, les mines sont sombres, les visages défaits. Yakub Yacilkaya a fait le voyage depuis Marseille. Avec des milliers de ses compatriotes, ce maçon de 45 ans est venu rendre hommage à Abdurrahman Kizil, Mir Perwer, un chanteur kurde réfugié politique, et Emine Kara, représentante en France du Mouvement des femmes kurdes. Tous les trois ont été assassinés le 23 décembre devant le centre culturel Ahmet-Kaya de la rue d’Enghien, dans le Xe arrondissement de Paris. Le tireur, William M., a été désarmé et arrêté dans la foulée.
«La justice n’est pas allée au bout»
Vitrine légale du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), le Conseil démocratique kurde de France (CDKF), a choisi une salle des fêtes de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) pour rendre hommage aux victimes, qui seront inhumées en Turquie ou, comme dans le cas d’Emine Kara, dans le camp de réfugiés de Makhmour, dans le nord de l’Irak, où elle avait fui en 1994 après l’incendie de son village. C’est déjà dans cette salle de mariage à la déco kitsch, mais grande comme un hall d’aéroport, qu’une cérémonie funéraire avait été organisée, il y a dix ans, après l’assassinat de trois cadres du PKK.
Le bus déverse ses voyageurs dans une zone commerciale. Pour entrer, il faut ouvrir son sac. U