Les Niçois l’admirent pour sa courbure élancée, pour sa Méditerranée azurée, pour ses palmiers fuselés. Les yeux dans l’horizon, les embruns dans les cheveux. Une tendresse à toute épreuve : on aime la Prom dans les embouteillages, on aime la Prom sous le cagnard, on aime la Prom avec ses galets, on aime la Prom étouffée par le surtourisme. Et le monde entier est bouleversé quand, le 14 juillet 2016, la promenade des Anglais se retrouve meurtrie par une attaque terroriste, dont le procès se tient en ce moment devant la cour d’assises spéciale de Paris. «Les Niçois personnalisent la promenade, remarque la géographe Karine Emsellem. Elle a été victime comme eux, elle a été blessée comme eux, elle s’est reconstruite comme eux. Mais personne n’en veut à la promenade. Parfois, c’est de la douleur mais jamais de la rancœur.»
Pour apprécier la Prom, il faut prendre de la hauteur. Parole de touriste. «Si vous voulez la photo incontournable, il faut monter au sommet de la colline du château, écrit un voyageur sur TripAdvisor, qui gratifie le panorama de quatre étoiles sur cinq. Plus haut, enfin, pour récompenser vos efforts, une superbe vue sur Nice vous attend.» D’ici, la Méditerranée vient se lover dans la courbure de la promenade des Anglais. L’arc d’asphalte s’étire sur cinq kilomètres. La promenade n’a jamais été qu’une bande coincée entre immeubles et galets. C’es