A l’occasion du Festival du livre de Paris les 11, 12 et 13 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour cette 18e édition du Libé des écrivain·es. Retrouvez tous les articles ici.
«Attestation de foudroiement.» J’ai remarqué il y a quelque temps sur le site de Météo France cette mention bien en vue sur la page d’accueil, en bas à droite de l’écran. J’entendais parler d’effondrement des services publics, de politiques d’austérité : ce petit îlot de sollicitude de la part d’une agence d’Etat m’a bouleversée. Je me suis sentie comprise. Depuis, je m’en sers régulièrement. Dès que je suis face à quelque chose que je ne peux pas supporter, je remplis l’attestation. En ce moment, j’en fais plusieurs par jour. Avec le Covid et les attestations de déplacement, j’avais déjà pris le pli. Après tout, un foudroiement est une sorte de déplacement, un transport immense et terrible d’énergie qui nous tombe dessus et provoque en nous un tas de mouvements, de perturbations dont il faut, si l’on est honnête, rendre compte à la force publique et à ses concitoyens. La météo a beaucoup à voir avec nos états d’âme, notre psyché, toutes ces discussions a priori banales qui cimentent le collectif. Mais je ne pensais pas qu’une institution publique prendrait à ce point au sérieux l’enregistrement de ce qui, chaque jour, vient ébranler l’intériorité de ses administrés. J’imagine que de récentes études démontrent de manière indubitable les liens entre nos séismes intérieurs et la santé de la nation. Depuis peu, certains crient à la gabegie et réclament la fermeture du service. Mais une société qui s’occupe avec ce degré de gravité de tous ses foudroyés est une société saine, dotée d’une boussole sûre.