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Libération
Reportage

Au café l’Espérance, dans la Somme : «Sauver cet endroit, c’est une façon de s’engager pour les gens d’ici»

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Le dernier café et «poumon» de la vie sociale à Chépy, où «la solitude n’épargne personne», est transmis de patronne en patronne de la même famille depuis quatre générations. Pour faire perdurer «cet endroit rempli d’histoires», l’actuelle tente de passer la main à son salarié, «accepté dans le clan».
Dans le village, la station-service, la gare et la charcuterie ont fermé, mais le café résiste. (Cha Gonzalez/Libération)
publié le 15 février 2023 à 18h20

Valérie Dhier patiente à sa place préférée, le dos collé à la vitre, première chaise de gauche en franchissant la porte d’entrée de l’Espérance. Elle sourit en levant les bras vers le ciel. «Bienvenue ! Mettez-vous à l’aise, vous êtes ici chez vous.» Autour d’elle, les murs sont de brique et de bois. Une machine à café côtoie une tireuse à bière au niveau du comptoir courbé. Une télé est branchée sur les courses hippiques. Un présentoir mêle paquets de clopes, piles électriques neuves et tickets de jeux à gratter. La pièce est déjà envahie des rires d’un groupe d’amies, tandis que dehors, le soleil se tapit encore. Valérie Dhier est la gérante de l’unique bar-tabac-PMU de Chépy, village picard de 1 200 habitants. Il est localisé dans la région du Vimeu, ce plateau agreste fait de craie, truffé de hameaux, à une trentaine de bornes de la baie de Somme. Chépy que tout le monde prononce «Ch’py» en picard ou «Choupi», car jamais le «é» officialisé en 2015 n’a été accepté par les habitants.

Trente ans de résistance

La patronne tient le zinc depuis trente ans. Trente ans de résistance dans un territoire rural sinistré. «La tendance est clairement à l’extinction des services et commerces de proximité», introduit Valérie Dhier, les mains cramponnées à sa tasse de thé. Tour à tour, à Chépy, la station-service, la charcuterie, puis la gare ferroviaire en 2018 ont cessé leur activité. Le dernier restaurant, l’Auberge picarde, a déposé le bilan il y a deux ans. Il reste encore une agence postale, u