«Bonjour, je suis Benjamin Lucas. Je viens exercer mon droit de visite parlementaire.» Une voix masculine sort de l’interphone : «Oui, patientez quelques instants, on a un petit souci à régler.» Cinq minutes plus tard, un homme, barbe longue et uniforme estampillé PAF (police aux frontières) ouvre le portail. L’arrivée du député écologiste ce jeudi matin est inopinée mais bien légale : les parlementaires ont le droit de visiter à l’improviste les établissements pénitentiaires en présence de journalistes. Débute alors une incursion au rythme effréné du centre de rétention administratif (CRA) du Mesnil-Amelot, en Seine-et-Marne, où 165 sans-papiers (sur 240 places) sont enfermés avant leur expulsion du territoire, si la justice administrative en décide ainsi sous quatre-vingt-dix jours. Ils n’ont commis ni délit ni crime (ou ont purgé une peine en amont de la rétention), mais survivent pourtant dans ce qui s’apparente à une prison. Depuis le 2 février, l’association d’aide aux personnes vulnérables la Cimade a même décidé de partir du CRA, dans ce qu’elle considère comme un contexte de recrudescence de violences et de graves dysfonctionnements.
A peine le temps de voir et, pourtant, on voit : des draps en guise d’oreiller, des sachets de ketchup sur le sol de la salle télé, de la moisissure dans les sanitaires