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Libération
Reportage

Au CHU de Montpellier, une ligne téléphonique dédiée aux pédophiles

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Mathieu Lacambre, psychiatre à Montpellier, prend en charge les auteurs de violences sexuelles. Il a initié en novembre 2019 un numéro d’écoute destiné aux pédophiles et pédocriminels, auquel le gouvernement veut donner une ampleur nationale.
Le service du Criavs au CHU de Montpellier, le 5 février. (Nanda Gonzague/Divergences pour Libération )
publié le 16 février 2021 à 8h00

Dans le sous-sol du CHU de Montpellier (Hérault) le docteur Mathieu Lacambre se tient devant une armoire métallique. «C’est là que nous enfermons à triple tour les dossiers des patients, il n’y a quasiment rien sur l’ordinateur», dit-il. Ces auteurs de violences sexuelles, inconnus ou célèbres, le psychiatre montpelliérain les soigne à l’hôpital et en prison. Avec des arguments à l’appui, à commencer par le risque de reproduction des faits : «Un tiers des auteurs de violences sexuelles en ont eux-mêmes été victimes», souligne-t-il. Ensuite, la probabilité de récidive, de 20 % à 25 % à cinq ans, et jusqu’à 40 % pour une frange particulièrement dangereuse de pédocriminels, mais avec une prise en charge adaptée, elle chute à 12 %, voire moins. «Les violences sexuelles favorisent aussi le développement des troubles psychiatriques chez les victimes, par exemple la schizophrénie», précise-t-il. Et à ceux qui douteraient encore, Mathieu Lacambre rappelle sa priorité : «Protéger les victimes, faire en sorte qu’il y ait moins de malades, moins d’agressions.»

Boîte à outils de prévention

Pour prévenir les passages à l’acte de pédophiles, Mathieu Lacambre a initié en 2019 le numéro d’écoute (1) auquel le gouvernement, bousculé par les révélations de Camille Kouchner dans son livre, la Familia grande, a décidé fin janvier de donner une ampleur nationale en finançant une campagne de communication qui démarre en février. «Si on sauve un enfant, c’est déjà une victoire», souffl