Pour les présidents de la Ve République, le «pèlerinage» au Mont-Saint-Michel, au rythme de la politique et des marées, est un rituel, comme il le fut pour les rois de France au Moyen Age. Il n’y a guère que les cris des mouettes, en cette fin d’après-midi du lundi 4 juin, pour accompagner le lyrisme présidentiel au sommet de l’abbaye. «Pour nous qui regardons aujourd’hui ce cloître, c’est la perpétuelle volonté du peuple français qui apparaît. Car ce lieu est la maîtrise du destin par la volonté», scande Emmanuel Macron, dos à l’immense baie grise du Mont-Saint-Michel. Le cadrage est parfait. L’œil et l’esprit s’échappent vers l’horizon, un paysage de genèse, celui de tous les possibles et de tous les recommencements. C’est plus qu’un discours présidentiel, presque une méditation. Sur le génie français, l’identité, les dépassements…
Pendant son tour de France post-réforme des retraites, Emmanuel Macron fait étape à l’abbaye avant, mardi, d’aller marcher, comme dans un télescopage d’histoire, sur les plages de débarquement. En 2023, on commémore au Mont-Saint-Michel le millénaire de la construction de l’abbatiale romane. Ici, en fait, un millénaire en chasse un autre. En 1966, le monument avait déjà célébré fastueusement les mille ans de l’installation des moines bénédictins.
La vision d’une certaine identité française
Dans les mots de Macron, le Mont devient une synthèse du destin français. «Le Mont-Saint-Michel connut les marées et les ressacs des révolutions successives. […] Il s’élance à mesure que la Fran