Dans la salle des profs du collège du Bois-d’Aulne de Conflans-Sainte-Honorine, les onze journées qui ont précédé l’attentat contre Samuel Paty ont été synonymes d’angoisse, d’émotion, de solidarité, parfois ; et d’incompréhension, souvent. Le 5 puis le 6 octobre 2020, le professeur d’histoire-géographie dispense un cours sur la liberté de la presse. «Situation dilemme : être ou ne pas être Charlie ?» projette-t-il au tableau. Avant de présenter une caricature du «prophète», il propose aux élèves qui pourraient être heurtés de sortir de la salle ou de détourner le regard. Très vite, une poignée de parents s’inquiètent. D’autres, plus véhéments, demandent l’éviction du professeur. Les appels malveillants et les menaces d’islamistes se multiplient. Les réseaux sociaux s’enflamment. A l’intérieur de l’établissement, les professeurs plongent dans la peur. En proie à de profonds questionnements sur la laïcité, quelques-uns désavouent publiquement Samuel Paty. Sans totalement se fracturer, l’unité du corps enseignant s’effrite.
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