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Interview

«Aujourd’hui, des adolescentes de tous les milieux tombent dans la prostitution»

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Si la prostitution des mineures a toujours existé, Internet et les réseaux sociaux jouent un rôle dans l’accélération de l’engrenage. Beaucoup de jeunes filles disent se prostituer de leur plein gré, sans être pour autant dans le déni ni dans l’emprise.
(Hugues Micol/Libération)
publié le 12 mai 2021 à 5h17

Mélanie Dupont, psychologue à l’unité médico-judiciaire de Paris, reçoit en consultation de plus en plus d’adolescentes touchées par la prostitution. Des situations parfois complexes, où il devient très difficile d’aider ces jeunes filles.

Sait-on combien de mineures se prostituent aujourd’hui en France ?

Non, il est impossible d’avancer un chiffre. Aucune étude d’ampleur n’a été faite à ce jour en France, nous y travaillons. Les seules données disponibles sont les chiffres de la police. Qui comportent un biais : ne sont comptabilisés que les plaintes et signalements. Selon l’Office central pour la répression de la traite des êtres humains [OCRTEH, ndlr], la hausse serait de 600 % entre 2012 et 2020. Un pourcentage à prendre avec des pincettes, car pendant longtemps les cas n’étaient pas signalés – aussi parce que le sujet était trop tabou.

La prostitution des mineures – nous voyons des situations concernant quasi exclusivement des filles – a toujours existé. Je dirais que la vraie différence, qui est inquiétante, c’est le changement de forme. Aujourd’hui, des adolescentes de tous les milieux sociaux et économiques tombent dans la prostitution. Ce qui avant ne concernait que des jeunes filles en grande précarité, touche désormais tout le monde. A chaque témoignage que j’entends, je suis sidérée de la rapidité avec laquelle elles basculent.

C’est-à-dire ?

L’engrenage se met en route à une vitesse… C’est vertigineux. Tout est facilité aujourd’hui, avec I