Aurélie Filippetti a eu connaissance dès 2018 des accusations d’inceste à l’encontre d’Olivier Duhamel. L’ex-ministre de la Culture, enseignante à Sciences-Po, a alors informé le directeur de la prestigieuse institution parisienne, Frédéric Mion. Qui n’a pris aucune mesure.
Lorsque vous avez parlé à Frédéric Mion, qu’attendiez-vous ?
J’avais d’abord demandé conseil à un avocat, mais on ne pouvait rien faire du point de vue pénal parce que les faits dénoncés étaient prescrits et que la victime ne voulait pas porter plainte à ce moment-là. En revanche, moi, en tant qu’enseignante, j’avais une responsabilité vis-à-vis des étudiants. Il fallait les protéger : on ne peut pas ériger en modèle, en référence intellectuelle – ce qu’incarne le président de Sciences-Po – quelqu’un qui aurait fait ça. D’où ma démarche auprès du directeur, pour qu’il convoque Olivier Duhamel et lui demande ensuite de partir. J’ai eu confiance, je me disais que demander à quelqu’un de démissionner d’une fonction honorifique, ce n’était pas compliqué.
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Les abus et l’opacité sont-ils plus courants dans une institution élitiste telle que Sciences-Po ?
Dans les milieux de pouvoir, il y a cette double violence du rayonnement du criminel, qui non seulement fait taire sa victime mais en plus donne des leçons du haut de son prestige. La responsabilité de l’entre-soi est très, très grande. L’un des problèmes à Sciences-Po, c’est cette espèce de porosité totale avec le pouvoir. Le fait que la