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Interview

Aux Antilles, «le système n’a pas changé en quatre siècles, l’économie coloniale s’est adaptée à la mondialisation»

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En Martinique et en Guadeloupe, l’héritage du système colonial a permis aux riches familles blanches de maintenir leur domination économique. L’historien René Bélénus retrace cette histoire franco-caribéenne.
Dans un supermarché à Fort-de-France, en octobre 2024. 80% des aliments consommés en Martinique et en Guadeloupe dépendent des importations. (Philippe Lopez/AFP)
par Ludovic Clerima, correspondant en Guadeloupe
publié le 9 janvier 2025 à 14h56

Régulièrement pointé du doigt pour son rôle dans la crise sociale contre la vie chère aux Antilles, le Groupe Bernard Hayot a été sommé de publier ses comptes en décembre. Marges exorbitantes, opacité financière, entorses à la concurrence… Libération a pu consulter des dizaines de documents internes attestant d’importants profits suspects.

René Bélénus, docteur d’Etat en histoire à l’université Bordeaux-III et membre de la Société d’histoire de la Guadeloupe revient sur les racines du système économique à l’origine des prix élevés dans les Antilles françaises.

Peut-on encore parler d’économie coloniale dans les Antilles françaises en 2024 ?

L’économie coloniale sur nos territoires a commencé par la prise de possession des îles de la Martinique et de la Guadeloupe au XVIIe siècle. Toutes les marchandises qui arrivaient aux Antilles venaient des ports de l’Atlantique en France, ou du Havre, de Dieppe, de Rouen ou de Bordeaux… En contrepartie, les Caraïbes fournissaient à la métropole des denrées qui ne pouvaient pas y être produites, comme le sucre de canne ou la banane. Mais