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Avant la «dépénalisation» de l’homosexualité, «les pédés, on les préférait morts»

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Il y a quarante ans, en 1982, la France «dépénalisait» définitivement l’homosexualité. Pour «Libé», deux hommes contrôlés ou condamnés dans les années 70 racontent l’homophobie dont ils ont été victimes.
Des homosexuels d�filent, le 19 juin 1982 rue de Rennes � Paris, pour protester contre la mont�e de l'intol�rance et du racisme � l'�gard des homosexuels, et pour que les lois anti-sexistes et anti-racistes soient �tendues aux personnes discrimin�es en raison de leur orientation sexuelle. Cette "deuxi�me marche nationale des gais et des lesbiennes" a �t� organis�e par le Comit� d'urgence anti-r�pression homosexuelle (CUARH) et son journal mensuel "Homophobies". AFP PHOTO PHILIPPE WOJAZER (Photo by PHILIPPE WOJAZER / AFP) (Philippe Wojazer/AFP)
publié le 7 août 2022 à 15h07

«A chaque fois que j’en parle, les larmes montent toutes seules.» Pour Daniel Lemoine, quarante ans plus tard, l’émotion reste intacte. La voix tremblante et le regard fuyant, l’homme de 76 ans peine à verbaliser le soulagement qu’il a ressenti ce 4 août 1982. «Pour moi, ça a tout changé. On savait que maintenant on était libres, on avait le droit d’être gays, on n’était enfin plus considérés comme des malades mentaux ou comme un fléau», confie celui qui a dû cacher son orientation sexuelle durant toute son enfance.

Si parler de «dépénalisation» semble être un abus de langage car le crime de sodomie a été aboli dans le code pénal de 1791, le 4 août 1982 reste une date emblématique en matière de droits LGBT +. Elle abolit la loi de 1942, instaurée sous le régime de Vichy, qui définissait des majorités sexuelles différentes entre les hétérosexuels et les homosexuels. Elle était de 13 ans pour les relations hétérosexuelles et de 21 ans pour les relations homosexuelles. 1982 clôt ainsi une période de répression de l’homosexualité. «D’un coup, on met tout le monde au même niveau. On est tous égaux», se réjouit Daniel Lemoine, que Libération a rencontré dans un de ses cafés fétiches de Montreuil (Seine-Saint-Denis), où il vit.

Avant cette date, les homosexuels étaient la cible de persécutions polici