«Les propos racistes et sexistes ? Pouah, on pourrait écrire un livre. Ce n’est pas normal pour les autres, mais c’est normal pour nous.» Emma (1) a travaillé plus de cinq ans comme avocate à EY, l’une des plus prestigieuses firmes américaines d’audit et de conseil, qu’elle accuse de harcèlement moral et de discrimination fondée sur la grossesse. «Le reste, c’est horrible à dire, mais on s’habitue. Mais là, ils ont réussi à me faire culpabiliser d’avoir un enfant.» Elle et Louise (1) ont été licenciées pour «insuffisance» à leur retour de congé maternité, un motif qu’elles dénoncent par une procédure devant le conseil de l’ordre des Hauts-de-Seine, l’instance chargée de réguler les dérives de la profession. Une plainte a été déposée au parquet de Nanterre par Emma le 3 mars 2021. Contactée, la procureure de la République assure avoir saisi l’inspection du travail des Hauts-de-Seine le 25 mars et affirme «que les investigations sont toujours en cours».
Rencontrées séparément, elles ont le même comportement, les mêmes peurs, les mêmes interrogations. Elles se souviennent de tout, de façon quasi clinique : les noms, les jours, les heures. Et s’attaquent à leur ancien employeur, pour qui les deux salariées ont travaillé dans la fiscalité. Anciennement Ernst and Young et associés, EY est un cabinet membre des «Big Four» (PwC, Taj Deloitte, EY et KPMG), ce quatuor des plus grands cabinets d’audit financier et de conseil dans le monde. «Ils sont là, à