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Libération
Violences

Béziers : guet-apens tendu aux policiers, un blessé et un appartement incendié

Dans la nuit de samedi 19 à dimanche 20 juillet, un piège a été tendu aux forces de l’ordre par un groupe d’une cinquantaine de personnes, dans un quartier gangrené par le trafic de stupéfiants. Un tir de mortier a mis le feu à un appartement voisin des affrontements.

Des policiers à Tarascon, dans le sud-est de la France, le 28 janvier 2019. (Gerard Julien/AFP)
Publié le 20/07/2025 à 16h28

Un guet-apens tendu aux pompiers et aux forces de l’ordre a dégénéré samedi 19 juillet au soir dans le quartier sensible de La Devèze à Béziers (Hérault), faisant un blessé parmi les policiers et provoquant l’incendie d’un appartement touché par un mortier d’artifice.

La police comme le parquet parlent d’un piège tendu aux forces de l’ordre, dans la nuit de samedi à dimanche, dans ce quartier paupérisé gangrené par le trafic de stupéfiants. Les fauteurs de troubles «ont contacté eux-mêmes les pompiers pour un feu de poubelle [et] ils étaient près d’une cinquantaine, dont certains sur les toits des immeubles», à leur arrivée, a rapporté le commissaire Eric Agniel.

Les pompiers ont alors contacté la police, entraînant l’arrivée de plusieurs membres de la brigade anticriminalité qui se sont retrouvés «piégés par des individus», poursuit-il. Ce qu’il qualifie d’«émeute» a finalement été stoppé à la suite de l’embrasement d’un appartement, touché par un tir de mortier d’artifice en marge des violences.

«Le mortier a embrasé l’appartement et a nécessité le sauvetage au moyen de l’échelle d’une personne bloquée au quatrième et d’autres personnes réfugiées sur le toit. Les secours ont dû intervenir dans une situation tendue, sous protection des forces de sécurité intérieure», ont précisé les sapeurs-pompiers de l’Hérault.

Un policier blessé et un appartement brûlé

Le sinistre a totalement détruit l’appartement de 130 m² où vivait une dame avec ses trois enfants majeurs, sans faire d’autre victime que le chat. Une dizaine d’occupants de l’immeuble au total ont été évacués. Sur Facebook, la municipalité, dirigée par Robert Ménard, anciennement proche des figures de l’extrême droite Marine Le Pen et Eric Zemmour, a annoncé avoir relogé la famille sinistrée, qualifiant ces violences d’«inadmissibles». Un policier a été légèrement blessé au mollet, également par un tir de mortier, précise de son côté le commissaire Agniel.

Pour le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland, «ces faits seront susceptibles d’être qualifiés de violences avec arme, dans le cadre d’un guet-apens, et sur personne dépositaire de l’autorité publique, [et] de destruction volontaire par incendie du bien d’autrui, et font encourir dix ans d’emprisonnement à leurs auteurs».

Le magistrat confirme que ces événements «sont probablement en rapport avec une série d’interpellations de petits revendeurs et la saisie d’une importante quantité de stupéfiants ces derniers jours dans ce quartier». Un mineur soupçonné de revendre des stupéfiants avait ainsi été déféré samedi devant le juge des enfants, un second devait l’être dimanche et un majeur sera jugé en comparution immédiate lundi, a souligné le procureur.

S’agissant des violences de la nuit, aucune interpellation n’a eu lieu à ce stade, selon le magistrat, qui a souhaité rappeler que «tous ceux qui participent de près ou de loin à ces trafics de stupéfiants, en particulier les consommateurs, ont leur part de responsabilité».

Narcotrafic

Depuis quelques années, des villes moyennes comme Béziers ou Nîmes dans le département voisin du Gard sont rattrapées par ce fléau du narcotrafic, avec un niveau de violences jusqu’alors réservé à Marseille, épicentre du narcobanditisme dans le sud de la France.

A Nîmes, après une succession d’actes criminels graves, le préfet a annoncé des renforts policiers et la mairie vient de décider d’un couvre-feu pour quinze jours dès lundi pour les moins de 16 ans à partir de 21 heures. Cette mesure de restriction est déjà en vigueur à Béziers pour les moins de 15 ans à partir de 23 heures, pour la deuxième année consécutive.

Au printemps 2024, dans ce même quartier de La Devèze, un jeune de 19 ans avait été tué près d’un point de deal, écrasé par un véhicule qui l’avait traîné sur plusieurs dizaines de mètres.