Des restes calcinés de poubelles battus par la pluie d’Amazonie. C’est tout ce qu’il restait, mercredi 17 avril au matin, des barrages qui ont bloqué une journée durant la capitale de l’Ouest guyanais. Stationnés sur tous les points stratégiques de l’agglomération, des camions militaires donnaient à Saint-Laurent des allures de ville occupée.
La veille, la colère était pourtant pacifique au carrefour du Lac bleu, dans le sud de la ville, où près de 300 personnes étaient assemblées sur le barrage filtrant jusque tard dans la nuit. Une énorme sono crachait les derniers tubes du Suriname voisin, et la bière coulait à flots. «L’un de mes fils a été agressé six fois alors qu’il est encore au collège», raconte alors Kaylis (1), une quadragénaire présente depuis 5 heures du matin. «La vie de nos enfants ne vaut pas la même chose que celle des jeunes Français [de l’Hexagone, ndlr]. On ne va plus se laisser faire.» Seuls les soignants, les personnes malades ou les forces de l’ordre à pied étaient autorisés à passer.
«On entend les jeunes vider les chargeurs pour s’amuser»
C’est le meurtre en pleine rue, lundi 8 avril, d’Hélène Tarcy-Cétout, une pharmacienne de 34 ans, mère de quatre enfants et figure appréciée de la ville, qui avait cristallisé la colère des Saint-Laurentais. Ville frontière avec le Suriname et point de passage esse