Stephen s’est avancé à la barre, les cheveux aux épaules, des tatouages sur le bras. Son trousseau de clés, pendu à la ceinture du jean. Devant le tribunal d’Evry, où se déroule le déraillement du train de Brétigny-sur-Orge (Essonne), il est venu témoigner mercredi d’«une plaie vive» ouverte il y a neuf ans, qui se «recoud doucement»… Mais se réouvre, la chair à vif, à chaque nouvelle expertise sur les causes du déraillement. Le vendredi 12 juillet 2013, son petit frère Vincent, était sur le quai. En déraillant, la rame a écrasé plusieurs passagers attendant le RER. Sept personnes sont mortes, dont Vincent, 23 ans. Il venait de quitter le boulot, surveillant dans un lycée de Brétigny.
Stephen parle d’une voix forte dans la salle d’audience. A l’adresse des trois prévenus, de la SNCF, assis derrière lui : «Je ne suis pas là comme un adversaire. Mais je vois trop de monde sur le banc des victimes. J’espère que la SNCF mettra tout en œuvre pour qu’il n’y ait plus de vies brisées.»
«Il était trop tard déjà»
La photo de son frère est projetée sur le mur. Un visage rond, souriant. Le sien est allongé, son regard caché par les lunettes. C’est la première fois qu’il s’exprime en public. Longtemps, il est resté en retrait. «J’avais des enfants en bas âge, ils oblige