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Surchauffe

Canicule : les syndicats d’enseignants dénoncent «une improvisation du ministère» et exigent «des mesures concrètes» pour adapter l’école

Alors que la quasi-majorité de l’Hexagone a traversé, cette semaine, une vague de chaleur intense, plusieurs syndicats dénoncent un manque de préparation de l’Education nationale face à ce phénomène extrême.
Une salle de classe plongée à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 1er juillet. (Philippe Lopez/AFP)
publié le 3 juillet 2025 à 20h09

Des examens sous un soleil de plomb, des salles de classe qui se transforment en fournaise ou des consignes floues : les syndicats fustigent ce jeudi un manque de préparation de l’Education nationale face à la canicule qui vient de s’abattre sur l’Hexagone. Et exigent «des mesures concrètes» pour adapter l’école au changement climatique.

«L’impréparation et l’improvisation du ministère mettent en danger les personnels et les élèves», s’est notamment emporté Sud éducation dans un communiqué publié aujourd’hui, à l’issue de plusieurs journées de flambée du mercure pendant la dernière semaine de classe pour les élèves du primaire, et pendant les oraux du bac.

Les syndicats déplorent un retard à l’allumage du gouvernement, avec des directives arrivées tard dimanche 29 juin. «Les recommandations sont arrivées au compte-goutte, souvent en toute fin de week-end. Un timing qui démontre à nouveau tout le mépris du ministère pour les personnels et les élèves», fustige encore Sud.

Lors d’une conférence de presse donnée à Paris ce jeudi, Laetitia Aresu, secrétaire générale Sgen CFDT, a de son côté évoqué des mesures demandées aux établissements – mais en l’espèce inapplicables –, comme le fait de ventiler, baisser les stores, ou utiliser des salles protégées de la chaleur quand il n’y en a pas.

«Déconnexion avec la réalité» du terrain

Mardi, Libération rapportait notamment les témoignages de plusieurs enseignants démunis face à ces températures caniculaires. Une professeure des écoles en CE1 à Montpellier confiait avoir relevé 36 degrés dans une classe à midi lundi 30 juin. «On se demande vraiment ce qu’on fait à l’école et ce que les enfants y font. Notre école est construite avec de la tôle, des vitres… Pour la chaleur, c’est catastrophique», déplorait-elle.

Sud parle d’une «déconnexion avec la réalité» du terrain et déplore que les personnels enseignants aient «été contraints d’accueillir des élèves dans des salles avoisinant parfois les 42 degrés» avec des cas de malaises, maux de tête et autres, d’après le communiqué. Les lycéens passant le bac et leurs enseignants ont dû affronter les épreuves des examens sans «aucune adaptation concrète», poursuit Sud. Plus de 2 000 établissements sont ainsi restés fermés mardi, essentiellement des écoles, à cause de la canicule, sur environ 45 000 écoles dans le pays.

Des «pertes de semaines d’enseignement»

D’après le syndicat Snes-FSU, principal syndicat du second degré, seuls 57 % des collèges et lycées (dont une majorité ont été construits entre 1950 et 1970) sont équipés de volets. Mais les problèmes de surchauffe concernent aussi les écoles neuves, avec par exemple de grandes baies vitrées non protégées du soleil.

«On sait qu’on aura de plus en plus d’épisodes caniculaires», insiste Laetitia Aresu. «Certains collègues dans le sud de la France nous disent que dès avril ou mai les conditions d’apprentissage» sont perturbées par la chaleur, insiste-t-elle. Les syndicats rappellent qu’un décret fin mai oblige les employeurs à protéger leurs employés contre les risques liés à la chaleur et demandent «des mesures concrètes».

Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la fédération CFDT Education, avertit, elle, de risques de dôme de chaleur multipliés pendant le bac par exemple, ou de pertes de «semaines d’enseignement si on n’arrive pas à faire cours».

Le ministère de l’Education a pour sa part rappelé qu’un plan avait été lancé en septembre 2023 pour rénover le bâti scolaire, mobilisant toutes les collectivités locales concernées. «2 500 écoles ont déjà pu bénéficier de ce financement pour mener des travaux de rénovation énergétique» avec un nouvel état des lieux attendu à la fin de l’été 2025, indiquait alors le ministère ces derniers jours.

Les syndicats revendiquent notamment l’adaptation des épreuves d’examen et concours, celle des horaires de classe, l’augmentation de l’eau potable fraîche mise à disposition. Des discussions à ce sujet pourraient notamment avoir lieu pendant la convention citoyenne sur les temps de l’enfant en cours, fait valoir Catherine Nave Bekhti.