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Ce que contient le plan contre les violences aux enfants, jugé insuffisant par les associations

La Première ministre a présenté ce lundi 20 novembre une série de mesures contre les violences faites aux enfants, notamment à destination des «enfants protégés et vulnérables». Une déception pour la plupart des associations, qui pointent le manque de vision d’ensemble.
Dans les locaux du 119, la ligne téléphonique consacrée à l’enfance en danger, à Paris, le 13 novembre 2023. (Cyril Zannettacci/Vu pour Libération)
publié le 20 novembre 2023 à 19h55

Une série de mesures, dont des enquêteurs spécialisés supplémentaires, et un «coup de pouce» de 1 500 euros à 18 ans pour les jeunes sortants de l’Aide sociale à l’enfance : Elisabeth Borne a présidé ce lundi 20 novembre le troisième Comité interministériel à l’enfance (CIE), principalement axé sur la lutte contre les violences, suscitant la déception au sein du milieu associatif.

«Pour cette journée internationale des droits des enfants, le message que je veux faire passer, c’est que partout où des améliorations sont possibles, nous devons continuer à agir», a déclaré la Première ministre en introduction du CIE, à Matignon. «Il faut donner un coup pour donner le sentiment qu’on casse la reproduction des violences», a de son côté insisté la secrétaire d’Etat à l’Enfance, Charlotte Caubel, ce lundi matin lors de la visite avec Elisabeth Borne et Gérald Darmanin de l’Office central des mineurs (Ofmin) à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Réunissant onze membres du gouvernement autour de la Première ministre, ce troisième CIE, instance installée en novembre 2022, débouche sur une série de mesures sur deux axes principaux : un nouveau plan de lutte contre les violences faites aux enfants pour la période 2023-2027 et des mesures sur «la réponse de l’Etat pour les enfants protégés et vulnérables».

Le nouveau plan contre les violences, qui succède au plan 2020-2022, comprend une vingtaine de mesures. L’Ofmin, créé lors d’un précédent CIE et mis en place en septembre, verra ses effectifs passer de 37 à 85 enquêteurs d’ici deux ans, au-delà de l’objectif initial. Elisabeth Borne a également annoncé de nouveaux postes au sein des dispositifs de recueil de la parole de l’enfant, tel que le numéro 119, et pour la cellule Signal Sport, qui opère contre les violences dans ce secteur.

1 500 euros pour les jeunes sortants de l’ASE

Elle a également annoncé la nomination de dix «délégués départementaux à la protection de l’enfance» placés auprès des préfets. Un dispositif qui a «vocation à être généralisé». Le plan contre les violences prévoit la création d’une unité d’accueil pédiatrique par ressort de tribunal, un «plan de formation interministériel» et une campagne de communication annuelle. En 2024, elle portera sur les violences faites aux enfants dans le sport.

Deuxième thème abordé : l’action de l’Etat en faveur des «enfants protégés et vulnérables». Dans son propos introductif, Elisabeth Borne a insisté sur le dispositif «Scolarité protégée» porté par le ministre Gabriel Attal, «une véritable feuille de route entre les acteurs de l’école et ceux de la protection de l’enfance» qui inclut notamment la nomination de référents et la systématisation d’entretiens pédagogiques à 15 et 17 ans pour les enfants concernés.

La Première ministre a également annoncé un «coup de pouce financier» de 1 500 euros pour les jeunes sortants de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), automatiquement perçu à la majorité, dans le cadre d’un «pack autonomie jeune» qui comprendra des actions de mentorat et une cérémonie de majorité organisée dans les départements.

«Empilement de mesurettes»

Si l’association L’Enfant Bleu, visitée lundi matin par Elisabeth Borne à Issy-les-Moulineaux, a réservé un accueil plutôt favorable aux mesures, d’autres sont moins enthousiastes. Présidente de l’association La Voix de l’Enfant, Martine Brousse a évoqué «une forme de déception» à la vue de ce plan. «Au lieu d’avoir une vue globale de l’enfant en souffrance, on a des annonces de choses déjà faites, il n’y a presque rien de nouveau», a-t-elle jugé.

«Les enfants ont besoin d’un plan d’urgence, pas d’un plan de communication», a également critiqué le Collectif enfantiste.

Ancien enfant placé, ancien membre du Conseil national de la Protection de l’enfance, Lyes Louffok a décrit pour l’AFP un «empilement de mesurettes sans réel financement».

Lundi, Elisabeth Borne a également «salué» le travail de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles dans l’enfance (Ciivise), qui a remis vendredi son rapport final comprenant 82 préconisations. Dans un entretien au JDD, Charlotte Caubel a assuré que la Commission devrait continuer à exister avec «une nouvelle feuille de route», alors que les acteurs de terrain craignent pour la pérennité de cet organisme et le maintien à sa tête du juge Edouard Durand.