Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert ce mardi une enquête pour «menaces de mort à l’encontre de personnes investies d’un mandat public», reçues depuis une semaine par des députés soutenant les mesures vaccinales du gouvernement et la mise en place du pass sanitaire.
Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand avait annoncé jeudi 15 juillet avoir signalé au parquet ces tentatives d’intimidation de parlementaires, dont certains ont eux-mêmes déposé une plainte, a précisé le parquet. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).
«Le président de l’Assemblée nationale constate que plusieurs députés ont fait l’objet de menaces de mort en raison de leur soutien à la stratégie vaccinale présentée» le 12 juillet par le président Emmanuel Macron pour lutter contre un regain de l’épidémie de Covid-19, avait-il indiqué jeudi dans un communiqué.
Une «liste sur beaucoup de députés»
Le député LREM de l’Hérault Patrick Vignal a affirmé à l’AFP avoir été l’objet de menaces par mail dans lequel une personne se présentant comme «militaire» indique vouloir le prendre pour «cible». «Moi-même armé, je n’hésiterais pas à faire ce que tout bon défenseur de la Nation doit faire pour mettre un terme à ces lois, car nous n’aurions pas d’autres solutions si cela continue», écrit l’auteur anonyme du message qui affirme avoir constitué une «liste sur beaucoup de députés» et brandit la menace de «mettre à prix» la tête d’Emmanuel Macron et de plusieurs ministres.
Plusieurs autres députés LREM, notamment Patricia Mirallès (Hérault), Alexandre Freschi (Lot-et-Garonne) et Jean-Marc Zulesi (Bouches-du-Rhône) ont publié sur les réseaux sociaux certains messages reçus. «Dites aux autres députés de bien voter car à partir de maintenant c’est de vraies balles que vous allez prendre (je suis armé), faites attention où vous allez. Vous nous injecterez jamais le vaccin», souligne le message cité par Patricia Mirallès, qui juge cette menace, qui ne l’«intimide pas», «très inquiétante».
.@MIRALLESMP exprime sa "colère" après avoir reçu des menaces : "La seule chose que je m'évertue de faire c'est de passer la bonne information (...) est-ce normal de se faire menacer de mort ? Non, je ne crois pas." >> https://t.co/3HHrlCe9RC #Covid19 #PasseSanitaire #DirectAN pic.twitter.com/cntvvKd3AP
— LCP (@LCP) July 20, 2021
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a écrit vendredi soir aux préfets et aux forces de l’ordre pour leur demander de renforcer les mesures de protection envers les élus dans le contexte des mobilisations des anti-vaccins. Le ministre réclamait de «renforcer la surveillance aux abords des permanences des parlementaires ainsi que de leur domicile le cas échéant» ou encore de prendre contact avec les parlementaires et élus pour «leur rappeler les démarches à suivre en cas d’incident».
Ce jour-là, une quinzaine de manifestants anti-vaccins avaient envahi vendredi la permanence du président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand (LREM) à Chateaulin (Finistère), avant d’être mis en fuite par une patrouille de gendarmerie. Dans l’Isère et dans les Pyrénées-Atlantiques, des centres de vaccination ont été vandalisés et incendiés dans le week-end.
Samedi, près de 114 000 personnes, dont 18 000 à Paris, ont manifesté à travers la France contre les récentes mesures gouvernementales, fustigeant l’extension du pass sanitaire, l’obligation vaccinale des soignants ou la «dictature sanitaire».
Reportage