Allongée en maillot de bain face au plan d’eau de la Gèmerie, à Arnage – commune de 5 400 habitants située au sud du Mans –, Martine, 74 ans, n’était pas au courant de l’affaire. «J’ai entendu la conversation de deux ou trois hommes bronzés qui parlaient d’une “meute de jeunes”, alors j’ai tendu l’oreille.» Ce qu’elle apprend fait, depuis plusieurs jours, le tour des médias, qu’ils soient locaux ou d’extrême droite – ces derniers y voyant l’occasion de valider leurs théories racistes. Sylvie, 60 ans, fait demi-tour sur le parking, et demande : «Y’avait pas une base nautique ? Je voulais voir pour y emmener les enfants, il n’y a pas grand-chose dans le coin», regrette cette agente de service hospitalier. Raté.
Le plan d’eau de la Gèmerie est bordé d’une route départementale particulièrement passante dont le ronron des moteurs se mélange à celui du vent qui secoue les arbres. Ce même vent forme des vaguelettes à la surface d’un lac de quinze hectares sans que rien n’en brise la perspective. Rien, hormis ces 32 plots rouges disséminés çà et là et qui font penser à ce jeu pour enfants où il s