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Libération
Reportage

«C’est une horreur, une atrocité» : à Paris, un deuxième soir de manifestation face aux frappes israéliennes sur Rafah

Guerre au Proche-Orientdossier
Des milliers de personnes se sont rassemblées place de la République à Paris ce mardi 28 mai au soir en soutien au peuple palestinien. La veille, une manifestation avait eu lieu sur la place Saint-Augustin.
Lors de la manifestation, place de la République à Paris, mardi 28 mai. (Geoffroy Van Der Hasselt/AFP)
par Léonard Cassette
publié le 28 mai 2024 à 22h32

La fine pluie de cette fin d’après-midi n’aura pas eu raison de la détermination des manifestants, ni de leur indignation après une nouvelle journée de frappes israéliennes sur Rafah. Pour le deuxième soir consécutif, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées ce mardi 28 mai à Paris en soutien aux Palestiniens. Au lendemain d’une première manifestation de quelque 10 000 personnes, selon le chiffre de la préfecture de police de Paris, non loin de la gare Saint-Lazare, c’est cette fois au pied de la statue de la République que le rendez-vous a été donné.

Aux dessus des têtes flottent des centaines de drapeaux vert, blanc et rouge. Du haut de la statue, des fumigènes des mêmes couleurs s’embrasent. Ils masquent un court instant une banderole, serrée contre la pierre du piédestal au centre de la place, sur laquelle est inscrit «stop au génocide». Nombre de manifestants sont à fleur de peau, leurs mots assénés avec virulence.

Marie arbore un petit pin’s pastèque sur le revers de sa veste. Cette sexagénaire dit que sa belle-fille palestinienne a réussi à quitter Gaza via l’Egypte, et affirme venir depuis Chelles (Seine-et-Marne) à tous les rassemblements organisés dans la capitale. «C’est une horreur, une atrocité, ce qu’il se passe, souffle-t-elle. Depuis le début, on est conscient que [l’offensive israélienne] n’est pas une réponse au 7 Octobre. Oui, le Hamas a commis des atrocités, mais là, ça fait huit mois que ça dure. C’est une envie d’épuration ethnique, c’est une évidence.»

Comme elle, ils étaient nombreux à évoquer le bombardement d’un camp de réfugiés du sud de la bande de Gaza, dimanche 26 mai, comme le nouvel acte d’un «génocide». Un évènement que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou qualifie d’«incident tragique».

«En France, on est encore en train à négocier des termes», observe Myriam, 33 ans, venue avec son frère. «On est face à un génocide où les victimes se filment en train de mourir, fulmine la jeune femme. L’histoire va nous rattraper. On est encore en train de dire “est-ce que vous condamnez le 7 Octobre” ? Quand on bombarde un camp de déplacés comme à Rafah, il faut arrêter de parler de dégâts collatéraux.»

Un rassemblement politique

La frappe de dimanche a suscité l’indignation internationale et le Conseil de sécurité de l’ONU devait se réunir ce mardi soir. Un peu plus tôt dans la journée, le député LFI Sébastien Delogu a brandi un drapeau palestinien à l’Assemblée nationale, lors de la séance de questions au gouvernement.

Présent ce mardi soir à la manifestation place de la République, il est revenu sur son geste qui a suscité une vive polémique : «Toutes les chaînes d’info de France et d’Europe parlent de ce geste et visibilisent ce qu’il se passe en Palestine […] C’était important pour moi de faire ce geste parce que les personnes qui se trouvent dans la rue ont besoin de se sentir représentées à l’Assemblée nationale.» A ses côtés, plusieurs membres de son parti sont également présents, à l’image de Jean-Luc Mélenchon, de Rachel Keke ou de Thomas Portes. Certains en profitent pour rappeler aux manifestants de se déplacer aux urnes pour les élections européennes, le 9 juin.

Après deux heures de rassemblement statique et le départ des politiques, les manifestants se mettent en marche dans les rues de Paris, comme la veille au soir. La police avait alors fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les derniers récalcitrants.