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Reportage

«C’était un village» : à Montpellier, chronique des habitants d’une tour HLM vouée à la destruction

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Dimanche matin, à Montpellier, au pied de l’immense tour d’Assas, d’anciens habitants du quartier populaire de la Mosson ont partagé des souvenirs, joyeux ou angoissants, de leur vie et de leurs combats. Dans un an, ce village miniature de 800 personnes ne sera plus.
Lazreg, un habitant du quartier, anime l'agora au pied de la tour d'Assas, organisé par Nourdine Bara, un autre habitant du quartier, à Montpellier dimanche 30 avril. (David Richard/Transit pour Libération)
par Solange de Fréminville, correspondance à Montpellier
publié le 1er mai 2023 à 11h01

«Il y avait une vue à couper le souffle». Ce matin, Michel, 73 ans, est venu raconter ses souvenirs de la tour d’Assas dans une «agora» imaginée par l’artiste pailladin Nourdine Bara, au pied du gratte-ciel de 76 mètres. L’édifice, quasi vide, sera détruit dans un an – nouvelle étape de la réhabilitation du quartier populaire de la Mosson (ex-La Paillade), programmée par l’Agence nationale de rénovation urbaine.

Dans la voix calme de Michel, la nostalgie pointe. Il s’est installé en 1980 au dernier étage, le 22e, à un angle de la façade sud, en famille. Avec vue plongeante sur le stade de la Mosson, à deux cents mètres de là. «Pour les matchs importants, il y avait plein de monde chez nous», sourit le septuagénaire. «Dans la tour, les gens venaient tous de pays différents, de cultures différentes. On avait créé un club et on se réunissait dans les salles d’en bas pour boire le thé ou le café ensemble, partager de bons moments, on s’est fait des amis», rappelle-t-il. Son fils se souvient des retours du supermarché, où des voisins les aidaient à décharger la voiture pour porter les courses dans l’ascenseur. «C’était un village, on se donnait la peine de s’écouter, on rigolait», abonde Anne-Marie, 65 ans, la femme de Michel.

Arrivé à l’âge de sept ans d’un village du Sud marocain, Abdelaziz, 43 ans, se souvient du choc pour sa famille, d’un coup transplantée dans cet univers de béton vertical, aux ascenseurs souvent en panne. <