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Témoignage

«Cette viande est dégueulasse» : ces éleveurs qui alertent eux-mêmes les militants animalistes

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Réduits à un rôle purement mécanique et sous la pression du rendement imposé par les coopératives, des agriculteurs contactent désormais les associations de lutte contre la maltraitance animale pour qu’elles viennent constater les coulisses de leurs exploitations.
Un élevage de lapin dans l'Ouest de la France en 2017. (Xavier Leoty/AFP)
publié le 15 mai 2024 à 12h00

De plus en plus d’éleveurs se sentent prisonniers de filières trop bien organisées. Jusqu’à se transformer en lanceurs d’alerte. Le schéma intensif est souvent le même : en amont, on leur fournit des poussins ou autres naissants ; en aval, on vient les récupérer avant abattage et découpage ; au milieu, on leur délivre la nourriture et autres accélérateurs de croissance. Leur rôle se résume alors simplement à engraisser, le plus vite possible, des animaux qui ne leur appartiennent plus vraiment, bien loin de l’image qu’ils se faisaient au départ du métier.

Certains, dégoûtés, n’hésitent plus à alerter les associations animalistes. C’est ainsi que la Fondation Brigitte Bardot, initialement spécialisée dans les refuges pour animaux d’élevages maltraités, s’est elle aussi mise aux vidéos coup de poing, à l’instar de L214. Dans l’une d’elles, récente, un dirigeant inspecte l’intérieur d’un élevage de dindes, vaste hangar industriel, à l’invitation de son exploitant. Des milliers de gallinacés (sur)vivent dans une promiscuité repoussante. «Nous sommes alertés par des éleveurs qui souhaitent arrêter ce système où on les enferme», témoigne Christophe Marie, porte-